Il est primordial de souligner que les sanctions de la CEDEAO, à l’encontre du Niger, si elles sont levées ( unilatéralement) dans les jours qui viennent, elles le seront sans aucune contre partie du côté nigérien. Aucune concession majeure par rapport aux exigences tonitruantes du début de la crise. Certes, le fils du président déchu a pu recouvrer sa liberté hors de la résidence présidentielle, lieu où est ( peut-être) détenu Mohamed Bazoum. Mais, apparemment, rien de plus. Même pour la durée éventuelle de la Transition, le CNSP n’a pas bougé d’un iota, ayant, dès le départ, clamé que de son point de vue, il souhaite que cela n’excède pas trente-six ( 36) mois. Mais, qu’en tout état de cause, seul un Conseil National Inclusif est habilité à fixer une date qui s’imposera à lui.
En réalité, pour avoir voulu faire les hâbleurs, les membres va-t’en guerre de l’organisation régionale, ont provoqué un recul, voire même un volte-face des prétoriens sur cette question précise. Suite à la sortie, en bon ordre, des Alliés du Sahel, il n’est même plus question de fixer une date pour la durée de la Transition, à plus forte raison les modalités pratiques et les objectifs de l’après-pronunciamiento. C’est dans un tel contexte brumeux, que les têtes pensantes de la CEDEAO, et leur gourous tapis dans l’ombre, s’apprêtent à lever leurs sanctions kafkaïennes contre notre pays qui, faut-il le souligner, n’est pas, n’est plus, demandeur de quoi que ce soit, venant de l’organisation susdite. A part les réparations obligatoires, dues à des actions illégales, manifestement téléguidées.
Retour au statu quo ante
A moins de rêver en couleurs, les plus candides des teigneux de la CEDEAO ne peuvent s’attendre à un retour pur et simple sans autre forme de procès des ‘’déserteurs’’ regroupés dans l’AES. Certes, la plupart d’entre eux ont fait leur mea culpa, leur maxima culpa, et se drape d’une contrition hypocrite.
L’UEMOA, qui dit avoir obéi à l’appel de la CEDEAO, n’ayant plus la moindre raison de bloquer les avoirs Nigériens, va, dès cette semaine, remettre les pendules à l’heure. En n’oubliant pas qu’elle devra s’acquitter des dommages et intérêts qu’elle a provoqué suite à ses actions illégitimes et illégales. (Dans la mesure où le chapitre complémentaire du protocole additionnel, même s’il a été ratifié, en catimini, par certains membres, n’a cependant pas connu l’amplification médiatique qui lui est dûe pour être valide aux yeux des peuples).
En outre, il n’est pas dit, dans le cas de la frontière Niger-Bénin, que si les Autorités du pays côtier décident de lever les barrières, celles du Niger leur emboîteront mécaniquement le pas . On pourrait alors se retrouver dans une situation rocambolesque, où la frontière est ouverte dans un sens et fermée dans l’autre, du moins, pour une catégorie d’usagers. Ce qui ne s’est jamais encore vu nulle part.
En réalité, le Niger est en train de rebâtir son axe routier vers un port, en privilégiant Lomé ( Togo) et le port en construction au Maroc. Une manière de jouer au Maradona, en dribblant le retors Patrice Talon. Un véritable séisme menace le Bénin qui doit sa relative prospérité antérieure aux Nigériens. C’est inéluctable. Quoi qu’il advienne. Et c’est pathétique d’en arriver là. Comme quoi, trahir ses frères et voisins ne paie pas. Aphorisme que Talon doit graver dans sa mémoire.
Le PNR de l’AES
Le Point de Non-Retour (PNR) est franchi depuis des lustres par les trois membres de l’Alliance des États du Sahel ( AES). Quoi que fasse la CEDEAO, et quoi qu’elle promette, rien, absolument rien, ne pourra faire revenir le Mali, la Burkina Faso et le Niger sur leurs pas. Ils ont lourdement payé un prix pour mériter de s’agripper à leur souveraineté, chèrement acquise. Certes, un contre-coup d’Etat est toujours possible et pourrait ébranler, sinon mettre à terre, tout l’édifice. Certes, quelques séides, stipendiés ici et là, en interne ou à l’extérieur, sont susceptibles de semer suffisamment de troubles pour justifier l’intervention d’une force africaine, ou extra africaine. Certes. Certes. Mais ce serait d’une candeur béate d’imager que les trois patriotes que sont Tiani, Goïta et Traoré n’ont pas envisagé de tels scénarios et arrêté des dispositions pour pouvoir les enrayer.
Plus on continuera à pousser les Patriotes dans leurs derniers retranchements, et plus ceux-ci auront tendance à se radicaliser, en sautant le pas vers plus d’autoritarisme, seule alternative aux harcèlements de leurs ennemis.
Et, au final, on arrivera au point redouté, des militaires qui s’éternisent au pouvoir, en saisissant l’opportunité de la création d’une confédération qui posera une forme de présidence tournante. D’autres outils nécessaires à ce fonctionnement seront mis en place. Cette dynamique va s’agrandir inexorablement et se muer en fédération, comme celle des États-Unis d’Amérique. Le rêve de tout Africain, un tant soit peu patriote.’’