Dans un communiqué n° 0011 daté du 30 juillet dernier, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a appelé « les ex – ministres et directeurs des institutions à restituer aux différents départements ministériels et directions tous les véhicules de fonction mis à leur disposition au plus tard le lundi 31 juillet 2023 à 12 H 00. » A l’expiration de ce délai, seule une dizaine de véhicules est déposée au niveau du Garage administratif. Pour ce qui est du nombre de véhicules déposés au niveau des différents départements ministériels, on attend que la Direction générale du patrimoine de l’Etat (DGPE), sise au Ministère des Finances, fasse le point. Quoi qu’il en soit, les véhicules administratifs ne pouvaient pas être perdus, car ils sont répertoriés.
Au-delà de la restitution des véhicules administratifs, le CNSP doit aller vers une véritable réduction du train de vie de l’Etat. Les sanctions décidées avec effet immédiat par la CEDEAO (fermeture des frontières puis des vols en direction du Niger, suspension des transactions commerciales avec le Niger, suspension des transactions énergétiques avec le Niger, gel des avoirs bancaires, etc.) le commandent. La situation financière de l’Etat, très peu reluisante (une dette publique de près de 5.000 milliards de francs CFA au 31 décembre 2022, soit 52% du PIB), le commande également. Même si la dissolution des institutions issues de la Constitution va permettre à l’Etat de réaliser des économies budgétaires, les nouvelles autorités du pays devraient être très regardantes du côté des dépenses publiques, notamment les achats de biens et services. Les marchés publics ne doivent plus être une vache à lait. L’utilisation des voitures de l’Administration doit être rationnalisée. Le parc automobile de l’Etat est estimé à plus de 6.000 véhicules, sans compter ceux des établissements publics à caractère industriel et commercial, sociétés d’Etat, sociétés d’économie mixte, des établissements publics à caractère social, ainsi que ceux des programmes et projets relevant de l’Etat. Et il n’est pas rare de voir un responsable d’un service public disposer de deux véhicules de fonction (une berline et un 4×4 V8) alors même qu’il n’effectuait jamais de mission de terrain. Le CNSP doit prendre exemple sur le Rwanda, où l’orthodoxie financière est un souci constant. Au pays de Paul Kagamé, il a en effet été procédé à un redimensionnement du parc automobile de l’Etat, celui-ci passant de 4.000 à seulement 1.000 véhicules. La rationalisation devrait concerner aussi la dotation en carburant. Des bons d’essence de 300.000 à 500.000 francs pour une seule personne, c’est excessif. La rigueur dans l’utilisation des maigres ressources du pays par ces temps de sanctions doit être un crédo du CNSP. A temps nouveaux, attitudes nouvelles, disait le président Seyni Kountché.