C’est désormais connu, les instances de la CEDEAO, après chaque interruption du processus démocratique dans l’un de nos pays, se réunissent en urgence pour prendre des sanctions sur la base du constat de la violation de l’article premier du protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité qui stipule en son article 1er : « Les principes ci-après sont déclarés principes constitutionnels communs à tous les Etats membres de la CEDEAO :
b) Toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes.
c)Tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir ».
La tradition est respectée cette fois encore puisque sitôt le coup d’Etat au Niger contre Bazoum Mohamed annoncé, le 26 juillet 2023, le syndicat des chefs d’Etat de l’UEMOA et celui de la CEDEAO, cornaqués par les dirigeants occidentaux, se sont réunis à la hâte pour dérouler un rouleau compresseur de menaces contre le Niger. Aucun type de sanctions n’a été épargnée. Normal me diriez-vous, puisque le président Bazoum Mohamed était le chouchou des Occidentaux. Depuis son avènement, ils ont installé des bases militaires pour de multiples raisons, toutes convergeant vers la défense de leurs intérêts économiques et géostratégiques. Les Français, les Américains, les Espagnols, tout le monde est confortablement installé sur notre sol sans que le niveau d’insécurité ne baisse.
Mais pourquoi une réaction aussi vigoureuse envers un peuple déjà écrasé par la misère. Il est reconnu que les populations nigériennes étaient confrontées depuis plus d‘une décennie à une insécurité grandissante, la faim, la pauvreté, et j’en passe, sans que ces chefs d’Etat et leurs patrons ne s’en émeuvent. L’ex Opposition politique avait sonné l’alarme dès le mois de juin 2020 : « Le désormais ex régime avait, dès son avènement en 2011, mis en place un système de prédation fondée sur la corruption et l’impunité qui ont gravement impacté l’ensemble des secteurs de la vie sociale, économique, politique, administrative, culturelle et surtout la situation sécuritaire du Niger, voire de la sous-région. Avec sa famille et ses amis politiques, il a mis en place un véritable système de captation des richesses nationales, de mainmise sur l’appareil d’Etat et sur l’administration publique, de prise d’intérêts personnels dans tous les secteurs économiques et financiers. »
Les mesures draconiennes d’embargo prises par les deux (2) institutions régionales contre notre pays sous prétexte d’un non-respect du protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance passent difficilement parce que les opinions publiques africaines reprochent aux sommets de la CEDEAO de fermer les yeux sur les obligations en matière de bonne gouvernance et de respect de l’Etat de droit contenu dans ledit protocole. Ces obligations en faveur de la bonne gouvernance sont relatives aux dispositions contenues dans les articles 25, 26, 27, 33, 36 et 38 (voir encadré) qui obligent les Etats à
– lutter contre la pauvreté et la promotion du dialogue social sont des facteurs importants de paix.
– assurer les besoins et services essentiels de leurs populations ;
– Reconnaitre que l’Etat de Droit implique non seulement une bonne législation conforme aux prescriptions des Droits de la Personne, mais également, une bonne justice, une bonne administration publique et une bonne et saine gestion de l’appareil d’Etat.
– Assurer un système garantissant le bon fonctionnement de l’Etat, de son administration publique et de la justice contribue à la consolidation de l’Etat de Droit. Après ce sommet quelle sera la réaction de la junte ? Fera-t-elle comme le Mali en prônant une rupture définitive avec l’ex colonisateur ou négociera-t-elle une sortie de crise en faisant des concessions de taille quant au retour à l’ordre constitutionnel réclamé ? Les prochains jours nous édifieront puisque l’ultimatum d’une semaine donné par les chefs d’Etat de la CEDEAO, c’est demain’’