Comme vous le savez, suite au coup d’Etat militaire intervenu au Niger, la CEDEAO et l’UEMOA ont imposé des sanctions économiques et financières drastiques contre Niamey. Fait inédit, ces sanctions ont pris effet le jour même où elles sont adoptées, c’est-à-dire le dimanche 30 juillet. Ce 3 août, UMOA-Titres, sous le contrôle de la BCEAO, a porté à la connaissance des investisseurs de l’Union de l’annulation de l’émission simultanée des Bons et Obligations Assimilables du Trésor du Niger portant sur un montant de 30 milliards de FCFA, initialement prévue le lundi 07 août 2023. Un coup dur pour l’Etat du Niger qui s’appuyait sur ces emprunts obligataires, devenus bimensuels, pour faire face à certaines dépenses incompressibles de souveraineté (notamment les salaires). Au titre de cette année 2023, il était prévu des emprunts sur le marché des titres publics d’un montant total de 490 milliards de francs CFA, contre 350 milliards dans la loi de finances initiale 2022. Mais la situation financière de l’Etat très peu reluisante sous le régime déchu a fait que ce montant de 490 milliards avait été atteint et dépassé avant même la fin de l’année 2023. En effet, de janvier à juillet, la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGT/CP) a levé sur le marché financier régional plus de 520 milliards de francs CFA.
Avec cette annulation de l’émission prévue pour un montant de 30 milliards de francs, l’équilibre budgétaire de l’Etat du Niger se trouvé impacté. Une situation d’autant plus préoccupante que Niamey doit rembourser 12 milliards de francs empruntés sur le marché des titres publics en ce mois d’août et plus de 70 milliards en septembre. Si la crise politique née du coup d’Etat du 6 juillet ne trouve pas une solution d’ici fin octobre, les observateurs croient savoir que le Niger se retrouverait avec un trou de 100 milliards de francs dans son budget, une somme qui devait être levée sur le marché financier régional avant la fin de ce 3e trimestre. Les émissions simultanées des Bons et Obligations Assimilables du Trésor du Niger, quoique nécessaires à la survie de l’Etat, sont un facteur important d’endettement public. Il ressort des données de la direction de la dette publique à la Direction générale du trésor et de la comptabilité publique que la dette publique est estimée à plus de 5.000 milliards de francs CFA au 31 décembre 2022, soit 52% du PIB. La politique d’endettement au cours de ces dernières années était loin d’être prudente, même si l’encours de la dette publique rapportée au PIB est inférieur au seuil de 70% fixé par l’UEMOA.