Voilà deux organisations, l’une régionale, l’autre continentale, qui sont censées œuvrer pour dynamiser l’intégration africaine et qui, il faut bien le dire, ont réussi, cahin-caha, à s’acquitter, grosso modo, de leur mission dans un passé, nous semble-t-il, lointain. Aujourd’hui, le scepticisme s’insinue dans les esprits quant à l’efficience de leurs postures et actes, dans les cas qui surgissent, en ce 21eme siècle. Par quel mal mystérieux ces deux corps sont-ils atteints ? Radioscopie.
L’aide corruptrice
L’idée de subventionner les États africains qui ont du mal à boucler leurs fins de mois part d’un bon sentiment. Du moins, si l’on fait abstraction des causes qui ont généré cette situation. L’on sait que les puissances dominantes ne voient pas d’un mauvais œil le maintien de l’Afrique subsaharienne à un stade prè-industriel, de manière à ce qu’elle demeure pauvre et soit obligée de brader ses matières premières. Ce qui, évidemment, ne fait que booster l’économie de ces nations. Du reste, la bonne intention initiale d’épauler nos pays par une aide permanente, attachée à un élastique, s’est étendue à nos organisations sous-régionnales, régionales et même continentales. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, mais à des échelles maintenant décuplées. Une aide qui fait de l’aidé, un obligé, voire, un larbin. C’est la triste mésaventure qui est arrivée à la CEDEAO et à l’Union Africaine (UA).
Des textes piétinés sans vergogne
Les sanctions iniques et abstruses contre le Niger sont une parfaite illustration de la posture de la CEDEAO qui viole ses propres lois, la première étant l’intégration, et non la désintégration des États membres. Il en a été de même pour le Mali et le Burkina Faso. Tout le problème est né avec ce satanique protocole additionnel qui introduit la politique, voire, lui donne la prééminence sur l’économie, dans les a priori de la structure régionale. Ce qui, déjà, la met en porte-à-faux avec certaines réalités. Pire encore, ces choix s’opèrent, semble-t-il, de manière sélective en distinguant le coup d’Etat militaire inexcusable du coup d’Etat civil qui serait acceptable. Les tripatouillages pré ou post-élections sont des préoccupations mineures, tant que cela va dans le sens prévu à l’avance, approuvé par les généreux donateurs. Las ! Même ce principe douteux est mis à mal, quand il est appliqué à la tête du client. Où va-t-on ainsi ?
L’Union AFricaine tombe le masque
Nous nous sommes focalisés sur la CEDEAO, en première ligne, pour les sanctions contre les Etats de l’AES, en oubliant l’Union Africaine qui, prudemment, se couvre, en se cachant dernière la CEDEAO. Les décisions de l’Union Africaine sont a minima : la suspension des fautifs. Jamais, au grand jamais, il ne lui viendrait à l’esprit de corriger les excès d’une organisations sous régionale ou régionale, pour la bonne raison qu’elle même et celle-ci mangent au même râtelier : les subventions extérieures ( France, Europe, Japon, USA, etc.)
Deux organisations ensablées
La situation actuelle au Sénégal montre à souhait les inconséquences des deux structures dont nous nous occupons. Elles ” prennent acte” du report des élections présidentielles au Sénégal jusqu’en décembre 2024, faisant fi de la loi fondamentale de ce pays, loi qui stipule, qu’aucune circonstance ne peut permettre une telle décision. Ici, l’Union Africaine et la CEDEAO ne parleront pas d’un coup d’Etat civil. Que nenni ! Parce que tel n’est pas l’avis des bailleurs de fond auxquels elles sont assujetties. Dire que pour des décennies ces deux organisations ont perdu toute crédibilité, c’est pratiquement un truisme. Leur enssablement est définitif. Elles feraient mieux de s’auto-dissoudre. Quelle est la leçon à tirer de ce marasme ? L’argent, subrepticement acquis, est corrupteur.