Du fait des sanctions illégales et criminelles de la CEDEAO et de l’UEMOA auxquelles s’ajoute l’embargo financier sévère des partenaires occidentaux contre notre pays depuis le putsch du CNSP du 26 juillet 2023 qui a évincé le président Bazoum Mohamed du pouvoir, le quotidien des populations nigériennes est devenu, du jour au lendemain, très difficile.
Ces mesures de rétorsions de la communauté régionale et internationale se sont traduites, comme on le sait, par des difficultés d’approvisionnement de notre pays en denrées alimentaires et pharmaceutiques ainsi que les biens non alimentaires, à cause notamment de la fermeture des frontières du Bénin et du Nigéria, les deux principaux voisins et partenaires immédiats en ce qui concerne les transactions commerciales.
C’est par le canal du port autonome de Cotonou que près de 70% de nos marchandises transitent. Et les Etats du nord Nigéria commercent exclusivement avec les régions de la bande sud de notre pays de Dosso jusqu’à Diffa s’étalant sur une distance de plus de 1500 km.
Pour assurer la poursuite de l’approvisionnement de notre pays en marchandises et contenir la flambée des prix des denrées alimentaires, le CNSP et le gouvernement ont décidé de soutenir les opérateurs économiques en assurant un convoyage sécurisé des marchandises par l’axe Burkina Faso et en procédant à un abattement de leur base taxable en matière de dédouanement à hauteur de 25%.
Cette réduction tarifaire engendre un manque à gagner considérable pour les caisses de l’Etat, mais l’objectif pour lequel les autorités de la transition l’ont initiée n’est malheureusement pas atteint.
Les frais de dédouanement des denrées alimentaires de première nécessité sont rabaissés, mais la flambée des prix n’est toujours pas contenue. Bien au contraire, l’on vit aujourd’hui dans notre pays une situation inquiétante où les commerçants – grossistes comme détaillants – n’en font qu’à leur tête.
Le prix du sac de riz de 25kg qui se vendait entre 10.500 et 11.500 francs, selon la variété, avant l’embargo de la CEDEAO, se négocie actuellement chez les détaillants entre 16.000 et 17.500 francs chez les commerçants détaillants.
Alors même que le ministre du Commerce, au moment où la pénurie de la denrée alimentaire avait atteint son pic, avait annoncé à l’opinion nationale avoir trouvé une entente avec l’un des principaux importateurs [les Ets. Houdou Younoussa] plafonnant son prix de vente chez les détaillants à 13.500 francs.
Ceci montre que l’engagement n’est pas respecté par les commerçants. L’Etat perd des recettes fiscales importantes à travers la réduction de la base taxable à hauteur de 25%, le portefeuille des consommateurs souffre parce qu’ils paient plus cher l’aliment, les commerçants réalisent des bénéfices exceptionnels.
Le gouvernement fait preuve d’une frilosité déconcertante pour arrêter l’arnaque. Devant cette situation, on peut dire que l’embargo de la CEDEAO est une véritable aubaine pour les commerçants, qui n’appliqueront pas les prix initiaux, même quand la situation va se normaliser.
Mais l’Etat n’enregistre pas de pertes de recettes sur ce registre seulement, il est aussi grugé par les sociétés qui lui doivent de l’argent en termes d’impôts et taxes ou qui font l’objet de redressement fiscal.
Par ces temps de disette financière sévère liée à la fermeture de leurs robinets par les bailleurs de fonds traditionnels et le gel des avoirs de l’Etat par la BCEAO sous injonction de la CEDEAO à laquelle il est confronté, le gouvernement a besoin de liquidités pour assurer ses dépenses de souveraineté, notamment le paiement des salaires et garantir le fonctionnement régulier de l’administration publique et ses démembrements.
En vue de la mobilisation de cet argent frais, l’on apprend qu’il a été décidé de prospecter dans le champ des sociétés et entreprises épinglées pour manœuvres frauduleuses vis-à-vis du fisc. La stratégie mise en œuvre par le gouvernement consiste à renégocier à la baisse le montant du redressement fiscal infligé à la société. Lorsque la société doit, par exemple, verser 50 millions de francs à la DGI, l’Etat lui consent un abattement d’un certain pourcentage sur ce montant initial, mais assorti d’un décaissement immédiat de la somme.
Mais le hic dans l’affaire, c’est que souvent les sociétés s’acquittent parfois de leur paiement au fisc par chèque bancaire. Il s’agit d’un simple jeu d’écritures qui ne règle pas le problème de l’Etat parce que parfois les banques ne sont pas suffisamment garnies pour permettre à l’Etat de disposer de la liquidité dont il a besoin. Devant ce constat, n’y a-t-il pas lieu d’abandonner cette pratique par laquelle l’Etat perd beaucoup de recettes pour rien ? La question reste posée.