Certes, officiellement, il y a un président de la République, chef de l’Exécutif, qui vient d’être investi de cette lourde responsabilité, et qui a pour nom Bassirou Diakhar DiomayeFaye. Sur le plan légal, c’est une donne incontournable. Sur le plan de la légitimité, il en va autrement. Le lecteur s’en doute fort bien.
La légitimité de Sonko
Ousmane Sonko, l’enfant terrible de la scène politique Sénégalaise, celui-là même qui a donné, prématurément, des cheveux blancs à Macky Sall, est non seulement le leader incontesté d’une formation politique, le PASTEF, fer de lance d’une victoire incontestable, mais il a aussi incarné avec un courage et une abnégation, jamais démentis, les aspirations profondes du Peuple.
Malgré toutes les vicissitudes et aléas des manigances d’un pouvoir aux aguets, il n’a jamais plié l’échine, ni baissé la tête. Encore moins supplié qui que ce soit. Il a connu les pires traitements vexatoires, les cachots inconfortables, les humiliations diverses, voire même des atteintes ou tentatives d’atteinte à son intégrité physique, mais, stoïque, il est resté debout. Mieux encore, avec une foi inébranlable que seuls possèdent les cœurs purs, il a tout misé sur son bras droit, Bassirou Diakhar Diomaye Faye, pour prendre le relais, en cas de malheur. C’est dire qu’il s’était préparé au pire, mais veillait à ce que ses idées, ses convictions, le programme de sa formation politique puissent lui survivre, si jamais, il venait à disparaître. Si Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président de la République ne l’avait pas nommé, comme lui-même l’avait dit très clairement, dès le premier jour, Premier ministre, avec les pleins pouvoirs latents, la déception des Sénégalais, et aussi des Africains en général auraient été d’une profondeur abyssale. Mais le digne fils du Sahel a montré le poids de la parole donnée quand on est mû par un noble idéal.
Pour tout observateur, un tant soit peu lucide et objectif, il va sans dire que le pouvoir aujourd’hui au Sénégal est nécessairement bicéphale, avec une certaine prééminence pour la légitimité au détriment de la légalité républicaine. L’éternel dilemme entre les lois écrites
(celles des hommes) et les lois non-écrites ( celles de Dieu et de l’affect)
Bouleversements en cascade
Des universités bidon, qui pullulent à Dakar et délivrent des diplômes fallacieux, c’est fini, ou en passe de l’être. Déjà, l’image de l’Agrégé en grammaire et premier président de la République du Sénégal, Léopold Sedar Senghor qui suscitait indifférence sinon dédain, tend à devenir répulsive car reflétant les teintes versicolores du néocolonialisme. Tout le reste à l’encan. Cependant, n’attendez pas des nouvelles Autorités qu’elles se mettent sur pied de guerre contre l’impérialisme, ce qui, au fond, relèverait de l’absurde, quand on est dans le giron du capitalisme et que l’on ne prévoit pas d’en sortir . L’impérialisme étant, comme disait Lénine, le stade suprême mais naturel du capitalisme, combattre le premier concept sans qu’il en soit de même pour le second est le comble de l’absurde. Peu de gens s’en rendent compte
Deux blockbusters
Deux décisions cruciales, qui une foi actées, sont capables de changer la face de notre sous-région. Tout d’abord, la sortie du franc CFA version Macron-Ado (qui garde une parité intangible avec l‘Euro). Soit le Sénégal s’offre sa propre monnaie tout seul, avec la garantie solide de l’exploitation de son or noir, soit de concert avec l’Alliance des États du Sahel (AES), et peut-être d’autres pays demandeurs, une monnaie régionale robuste est créée, reposant sur un panier de devises fortes. Ensuite, les accords de coopération, notamment militaires, vont être mis sur la table, en particulier l’article 6 qui donne le droit à la France d’intervenir militairement dans ce pays, si ses intérêts vitaux sont menacés. Que le Sénégal intègre l’AES, ou qu’une autre forme d’union soit mise en œuvre, au final, l’union faisant la force, il va sans dire que tous les progressistes du continent, militaires ou civils, auront tendance à se rapprocher les uns des autres, et peut-être chercher à aboutir, à plus ou moins longue échéance, à une fédération de quelques États qui ont ensemble des atomes crochus.
La balle est tirée. Aucune force en ce bas monde ne peut la rattraper, ni l’empêcher d’atteindre sa cible. La seule qui vaille, le sursaut des peuples trop longtemps anesthésiés et assujettis aux intérêts extravertis.