Au Niger, jamais un concours de recrutement d’agents publics n’avait fait couler autant d’encre et de salive que les deux concours de recrutements directs dans le Cadre des Douanes organisés en 2020 par le Ministère de la Fonction publique au titre de l’année 2018. Près de quatre ans après, la crise née de ces concours n’est toujours pas près de connaître son épilogue, et ce, malgré que le Ministère des Finances ait validé les deux concours et des décisions de justice favorables aux candidats admissibles.
Ce lundi 08 janvier 2024, les candidats déclarés admissibles (ils étaient au départ au nombre de 150, dont 53 ont suivi une formation militaire de quatre mois à l’Ecole de formation des officiers des forces armées nigériennes et présentés au drapeau national en février 2022) ont tenu un sit-in devant le Ministère des Finances pour réclamer leur mise en formation militaire, puis leur intégration dans le corps des cadres de Douane. Ils ont dénoncé le silence du Gouvernement face à la situation qui leur est imposée par l’administration douanière qui est toujours vent debout contre les deux concours, sans qu’on ne sache véritablement les raisons d’une telle posture jusqu’au-boutiste. Le 14 novembre 2023, la justice a estimé que le refus, sans base légale, de l’Etat du Niger d’exécuter l’arrêt n° 044 en date du 14 juillet 2021 du Conseil d’Etat, annulant l’arrêté n° 000321/MF/DGD/DRH/LF du 11 août 2020 qui abrogeait l’arrêté portant ouverture des concours et celui déclarant les candidats admissibles, est constitutif de voie de fait. Aussi, la justice avait ordonné la cessation de cette voie de fait en procédant à l’exécution dudit arrêt, c’est-à-dire de mettre les admissibles dans leurs droits. Mais, à ce jour, cette décision est toujours en souffrance, alors même que le respect des décisions de justice s’impose à tous et constitue une condition sine qua non de l’existence de l’Etat de droit.
Pourquoi la Direction Générale des Douanes et le ministère de tutelle continuent-ils d’observer un silence assourdissant au sujet de cette affaire qui n’a que trop duré ? Tant que les deux institutions continueront de garder le silence, elles seront accusées de tous les maux, et notamment de connivence, de complicité. Ce problème de concours n’a que trop duré. Les autorités de la Transition doivent lui trouver une solution définitive, en ne perdant pas de vue que les deux concours ont été organisés avec l’objectif de moderniser les services de Douane à travers notamment la mise à niveau des ressources opérationnelles, le développement des capacités de contrôle et de lutte contre la fraude et la corruption, l’application des normes internationales majeures telles que l’Accord sur l’évaluation en douane, etc. Et cet objectif de modernisation est une recommandation de l’Organisation mondiale des Douanes (OMD). Affaire à suivre…