Un mois. Un mois jour pour jour que le directeur de publication du quotidien privé « L’Enquêteur » est privé de sa liberté, et se morfond actuellement dans la prison civile de Niamey. Une prison érigée en 1947, prévue pour 350 détenus et nettement surpeuplée aujourd’hui. Soyons clairs. Nous ne prétendons pas présenter ledit DP comme exempt de tout reproche, pratiquement, comme un preux chevalier, luttant bec et ongles contre toutes les formes de distorsion des principes démocratiques et des valeurs intrinsèques d’un Etat de droit. Non. Mais si ce Journal a tenu le haut du pavé durant toutes ces années, ces décennies, il faut bien qu’il ait présenté une ligne éditoriale qui fasse consensus, ou, du moins, capte le plus grand nombre, ce que nous autres avons tendance à appelerPeuple. Soumana Idrissa Maïga s’est fourvoyé bien des fois dans des postures équivoques, frisant parfois le compromis, d’autres diraient la compromission. Quoi qu’il en soit, on ne peut objectivement lui denier sa part, incommensurable, dans la lutte de notre pays pour une meilleure gouvernance et pour la séparation et l’équilibre des pouvoirs, y compris celui du 4eme, la presse.
Certains lui reprochent sa réussite, pour la popularité de son quotidien, qui, de facto, leur fait de l’ombre. C’est de bonne guerre. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour demeurer hermétique à l’injustice qu’il est en train de subir. Quand on sait que sans la moindre tergiversation L’Enquêteur a pris faits et causes pour les auteurs des événements du 26 Juillet 2024, montrant ainsi la fibre patriotique qui vibre en lui. Tous les numéros qui ont suivi la date fatidique sont là pour prouver son adhésion à l’idéal de recouvrement de la souveraineté nationale. Facile à vérifier.
Sur le plan déontologique et éthique de la corporation, on ne peut rien lui reprocher. La reprise d’une source ouverte, en l’occurrence « Le Figaro », un quotidien français de bonne réputation, ne peut constituer un délit, encore moins un crime. Du reste,toute infraction commise par l’entremise d’un médium de communication est un délit de presse non susceptible de poursuite pénale. C’est une loi de la République qui l’impose : l’ordonnance 2010-035 du 4 Juin 2010.
Cependant, en cas d’accusation ayant trait à la Défense nationale, les choses prennent une autre ampleur, laissant le champ libre à des interprétations diverses, et peut-être débridées. Pour convaincre l’opinion publique, il faut fournir les preuves d’une telle accusation. On ne peut pas se contenter de l’idiosyncrasie de quelques boute-feux et laisser une victime expiatoire mourir à petits-feux. Car, c’est de cela qu’il s’agit.
L’état physique du DP de L’Enquêteur se dégrade de jour en jour. Même si par stoïcisme il montre aux visiteurs un aspect rassurant, Dieu seul sait ce qui le ronge de l’intérieur.
Sur le principe de l’égalité de tous devant la loi, on ne peut discuter. Cela va de soi. Par contre, les chefs d’accusation doivent être solides et bien étayés pour, un tant soit peu, mettre en péril l’intégrité physique d’un Justiciable.
Au point où nous en sommes, nous voulons nous assurer que tel n’est pas le cas. Et donc que l’on nous fournisse les preuves formelles et indubitables de sa culpabilité. Sorti de là, nous ne pouvons que déplorer une tendance à l’arbitraire.