Privilèges princiers
Partir en vacances est un projet hors de portée pour l’écrasante majorité de la population. Plus d’un Nigérien sur deux ne peut s’accorder un repos estival même entre nos frontières. Et à l’heure où les prix flambent, les vacances sont devenues un luxe. Mais nos dirigeants ne connaissent pas la crise. Bazoum Mohamed n’a pas renoncé à sa villégiature annuelle à Tesker ne serait-ce que pour faire montre d’empathie à l’endroit de ses concitoyens étouffés par la vie chère. Pourquoi le président de la République va-t-il se priver de vacances dès lors que c’est aux contribuables de tout financer ? Selon la presse officielle, Bazoum Mohamed a eu droit à un bain de foule à Zinder : « toutes les forces vives et les populations de la région [sont] venues nombreuses pour lui témoigner de leur reconnaissance et le féliciter des efforts inlassables déployés tout au long de l’année glissante. » Encore des dépenses faites sur le dos des contribuables. Payer les vacances du couple présidentiel, au nom de quoi ? Du Travail accompli ? N’est-ce pas détourné l’argent public à des fins personnelles ? Où est la justice ? L’équité ? Pourquoi les vacances du plus grand nombre ne sont pas aussi gratuites ?
Cramer la caisse
Bazoum Mohamed et la première dame (comme les Issoufou avant eux) ne connaissent pas l’expression « voyager pas léger ». Pas du tout. Le couple présidentiel se fait accompagner par une caravane digne des contes des mille et une nuits. Les moyens de l’État (humains, matériels et financiers) ont été déployés pour agrémenter la virée estivale du président de la République. Ceux qui vantent la sobriété de Bazoum Mohamed doivent revoir leur opinion. Le chef de l’État se montre aussi dépensier que son prédécesseur et mentor. De nombreux courtisans (Rhissa Ag Boula en tête) ont fait le déplacement de Tesker (aux frais de la princesse bien entendu). Les textes de lois et règlements de notre pays sont totalement muets quant aux vacances présidentielles. C’est là un vide juridique qui profite grandement à Bazoum Mohamed. Ailleurs, les présidents disposent d’un lieu officiel précis où passer leurs vacances. Il y a le Fort de Brégançon pour le président français et Camp David pour le locataire de la Maison Blanche. Ces lieux disposent d’un budget bien défini pour accueillir les chefs d’État. Au Niger, c’est le flou total concernant les vacances de Bazoum Mohamed.
Vivement une loi
Dans le livre intitulé Madame la présidente (sorti en janvier 2019), on y apprend que le président français et son épouse n’hésitent pas à sortir leurs portefeuilles pour « payer de leur poche tout frais lié aux membres de leur famille. » Mieux, les Macron sortent le chéquier pour « régler la plupart de leurs dépenses privées. ». C’est cela la transparence attendue des plus hautes autorités d’un pays. Ce n’est pas demain que l’on verra au Niger une si grande clarté dans la conduite des affaires publiques. Nous empruntons à la France (à l’Occident de manière générale) les leviers qui consolident le pouvoir du président de la République, mais les jalons qui contribuent à la moralisation de la vie publique ne nous intéressent pas. En l’absence de garde-fous, Bazoum Mohamed peut cramer la caisse pour ses vacances. Tout comme du fait de l’inexistence d’un statut clair et précis, la première dame (qui semble partager le pouvoir avec son épouse) dispose d’un boulevard pour mener des activités qui empiètent sur les prérogatives des ministres et autres personnalités de l’État. Vivement une loi pour stopper ces abus.