Deux clans s’affrontent au sommet de l’État. À l’heure du renouvellement des instances fédérales et à l’approche du congrès ordinaire du PNDS-Tarraya, l’atmosphère devient de plus en plus irrespirable entre les pro-Issoufou et les partisans de Bazoum. De quel côté partira la première salve de représailles ? Les paris sont ouverts.
Devoir de gratitude ?
C’est un fait incontestable, Issoufou Mahamadou est le principal artisan de l’accession de Bazoum Mohamed au pouvoir. De l’étouffement des ambitions de Hassoumi Massoudou (lequel s’est pris de rêver d’un destin national) à l’atomisation de la carrière politique de Hama Amadou, en passant par les bidouillages des résultats de l’élection présidentielle, le camarade Issoufou a placé toutes les chances du côté de son dauphin. Tenez, au second tour de l’élection présidentielle, la seule et unique région de l’Ader a offert quelque 912.000 voix au candidat du PNDS-Tarayya sur 1.048.000 votants. Ce score pour le moins insolite donne une idée du gigantisme de la fraude perpétrée pour catapulter Bazoum Mohamed dans le fauteuil suprême. C’est dire combien le dauphin a un immense devoir de gratitude envers son mentor. Seulement, la morale a-t-elle sa place en politique ? Beaucoup de citoyens en doutent. En juste trois petites décennies de démocratie, il y a eu trop de trahisons, de coups de poignard dans le dos, d’amitiés reniées dans le landerneau politique nigérien. En clair, Bazoum Mohamed pourrait bien se retourner contre celui qui l’a fait roi. « Il est des services si grands qu’ils ne peuvent être payés que par l’ingratitude », écrit Alexandre Dumas. Pour dire que la gratitude à toute épreuve n’existe pas, encore moins dans la sphère politique.
Qui dégainera le premier ?
Quelques semaines après son ‘’départ’’ du pouvoir, Issoufou Mahamadou s’est exprimé sur son dauphin : « Je ne serai pas là pour le gêner [Bazoum Mohamed] mais notre complicité va se poursuivre car je tiens à ce que cette alternance réussisse. Lui et moi ferons tout pour cela. Son échec serait notre échec à tous, celui de notre modèle », a-t-il confié à un média français. Issoufou Mahamadou n’a pas fait mystère de ses intentions, il veut diriger le Niger en tandem avec son dauphin. Plus clairement, il veut se servir de Bazoum Mohamed pour s’offrir un 3è mandat à la tête de notre pays. Les signaux ne trompent pas. Comme l’année dernière à l’occasion de ses vacances estivales, cette année aussi Issoufou Mahamadou a fait de Dan Daji la Mecque de tous les Tarrayistes qui lui sont, d’une manière ou d’une autre, redevables. Ce méga show sur fond de bains de foule à n’en plus finir met en lumière la cohabitation que l’ancien chef de l’État impose à son dauphin. Bien entendu, du côté des pro-Bazoum, on tente de sauver les apparences, on s’efforce de ne pas laisser transparaître la colère et l’indignation que suscite le comportement d’Issoufou Mahamadou. Mais ce jeu du « tout va bien » ne trompe personne. En vérité, deux clans s’affrontent au sommet de l’État. À l’approche du congrès ordinaire du PNDS-Tarraya, l’atmosphère devient de plus en plus irrespirable entre les partisans d’Issoufou Mahamadou et ceux de Bazoum Mohamed. Question : de quel côté partira la première salve de représailles ?
Les paris sont ouverts
Selon des sources bien introduites au sein du parti au pouvoir, les fidèles de l’ancien président de la République ont choisi l’épreuve de force. Les récentes ‘’mises en garde’’ de Zakari Oumarou (à l’endroit des Tarrayistes qui s’aviseraient de trahir Issoufou Mahamadou) sont les signes annonciateurs d’un clash imminent entre les deux courants qui cohabitent au sein du PNDS-Tarayya. L’ancien gouverneur de Maradi a clairement annoncé la couleur : “Il ne peut y avoir deux tigres sur la même colline”. Dans les milieux proches de l’ex chef de l’État, l’on annonce (pour bientôt) des révélations compromettantes pour Bazoum Mohamed. Sur quoi porteraint ces déballages ? De quelle nature seraient-ils ? Bazoum Mohamed devrait-il vraiment s’en inquiéter ? Autant de questions en suspens. Les petites craquelures apparentes sur les murs du PNDS-Tarraya vont-ils se transformer en crevasses dans les semaines ou mois à venir ? Les pro-Bazoum ont-ils les moyens de riposter à la salve de représailles que s’apprêteraient à lancer les fidèles du camarade Issoufou ? Les paris sont ouverts.