Bilma : un enjeu stratégique
CNPC, qui contrôle actuellement la totalité des infrastructures pétrolières du Niger, notamment l’oléoduc d’exportation du brut d’Agadem, se trouve ainsi dans une position délicate. Le bloc de Bilma, riche de près de 150 millions de barils de réserves découvertes, a été repris par l’État en 2022 suite à un manque de développement. Les négociations antérieures avec l’ancien président Mohamed Bazoum, écarté par le CNSP, avaient déjà révélé des tensions, notamment autour des exigences financières et infrastructurelles liées à la concession du permis à CNPC.
Un changement de cap sous Tiani
L’arrivée au pouvoir de la junte militaire change la donne. Plusieurs conseillers proches de Tchiani expriment une réticence marquée à l’idée de renouveler la confiance envers CNPC pour ce permis, envisageant plutôt de l’attribuer à la Sonidep. Cette dernière, toutefois, n’a pas encore démontré de compétences notables en matière d’exploration et de développement pétroliers, soulevant des interrogations sur sa capacité à gérer un tel projet.
Un pipeline au cœur des tensions
Le pipeline d’Agadem, vital pour l’économie nigérienne, représente une source de revenus significative pour le régime, pouvant générer entre 300 et 500 millions de dollars annuellement. Son opérationnalisation, initialement prévue pour octobre 2023, a été reportée au premier trimestre 2024. CNPC pourrait utiliser le report de cette mise en service comme moyen de pression, invoquant des problèmes techniques pour influencer les négociations autour de Bilma.
Des discussions tendues
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2026, les relations sino-nigériennes, notamment dans le secteur pétrolier, sont devenues un sujet délicat. Des échanges discrets mais tendus entre l’ambassadeur de Chine à Niamey, Jiang Feng, et le Premier Ministre de la transition, Ali Lamine Zeine, ont mis en lumière les préoccupations de Pékin concernant ses investissements au Niger, en particulier ceux de CNPC.
Face au gel du soutien financier par des bailleurs internationaux traditionnels, tels que la Banque mondiale et l’Union européenne, le Niger se tourne vers la Chine pour financer des projets d’infrastructure essentiels. Le barrage hydroélectrique de Kandadji, crucial pour le développement du pays et actuellement en arrêt, est au centre de ces doléances.
Ali Lamine Zeine insiste auprès de Pékin pour un engagement financier accru dans ce projet, actuellement piloté par le groupe chinois China Gezhouba Group. Cependant, la Chine se montre réticente à accéder aux demandes de la junte, malgré les négociations répétées.
Cette situation complexe souligne les défis auxquels le Niger est confronté dans sa transition politique et économique. La réorientation envisagée du secteur pétrolier vers un contrôle national plus affirmé, ainsi que la recherche de nouveaux partenariats financiers en dehors des cadres traditionnels, illustrent les efforts du régime de transition pour naviguer dans un paysage géopolitique changeant.