Il vous souviendra que le 02 janvier 2022, l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), antenne d’Agadez, avait procédé à l’arrestation du sieur Charou Ramadan, maire de Fachi, dans le département de Bilma (région d’Agadez), en compagnie d’un certain Abari Koulaye Boukar, chauffeur à ladite municipalité. Ils avaient en leur possession, à bord d’un véhicule Hilux double cabine de la Mairie, 199 briques de cocaïne totalisant un poids de 214,635 Kg. L’un et l’autre ont été transférés à Niamey par voie aérienne et sous bonne escorte militaire. Un troisième protagoniste, du nom de Malloum, serait en fuite. Cette affaire a été jugée ce jeudi 18 janvier 2024 devant le Pôle judiciairespécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. A l’issue des débats, le ministère public a requis quinze (15) ans de ferme contre chacun des deux accusés. Le jugement est mis en délibéré pour le 25 janvier.
Nous l’avions rapporté dans plusieurs de nos parutions, le Niger tend à devenir une plaque tournante du trafic international de drogue en Afrique de l’Ouest. La position géographique du Niger aux confins du Sahara et du Sahel, avec des frontières poreuses, ne saurait expliquer seule le phénomène. Le trafic de drogue est ‘’nourri’’ par l’implication active et directe d’un type d’acteur particulier : les agents publics. Sous l’ancien régime déchu du PNDS – Tarayya, des conseillers officiels ou officieux, disposant souvent de passeport diplomatique, étaient régulièrement cités dans le trafic international de drogue. Le transit ou le convoyage de plusieurs tonnes de drogue sur un territoire ne pouvait être réalisé sans l’achat de protections locales, notamment des FDS et de certains cercles du pouvoir. En 2018, des trafiquants de drogue venus du Mali avaient été accueillis dans un salon officiel de l’Aéroport international Diori-Hamani de Niamey par des agents publics relevant d’un service de renseignement. Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, il y a aujourd’hui des preuves de plus en plus évidentes de connexions entre les premiers cercles du pouvoir et les réseaux de trafics transnationaux. Cette complicité permet l’accès à des fonds privés importants. Et il n’est pas possible que la justice, par exemple, puisse libérer des trafiquants avérés s’il n’y a pas de feu vert venu d’en haut.