Dans une interview exclusive accordée à la Radio Télévisiondu Niger (RTN), le ministre de la Justice, Alio Daouda, aborde la problématique brûlante du trafic présumé d’or à l’aéroport international de Niamey. Face à ce scandale, le ministre tente de dissiper le nuage d’incertitude. Cet entretien se révèle crucial pour comprendre la position officielle sur un des plus gros scandales de contrebande d’or que le pays ait connu.
Alors expliquez-nous cette histoire de l’or qui fait des vagues au niveau de l’aéroport international de Niamey. De quoi s’agit-il ?
Merci de m’avoir encore une fois donné l’occasion de m’expliquer sur un sujet brûlant, d’actualité et qui interpelle les autorités judiciaires et policières avec à leur tête le CNSP, présidé par son Excellence le général Tiani. Sur le silence que les autorités observent par rapport à cette question de l’or saisi à l’aéroport d’Addis Abeba et qui a quitté l’aéroport de Niamey. Je m’en veux de prime abord vous dire que, loin s’en faut, on ne peut pas observer un silence dans le contexte où nous sommes, parce que nous avons pris l’engagement d’une reddition de compte total au peuple nigérien dont nous partageons l’engouement pour une justice et pour une justice de qualité et le traitement équitable de tous les citoyens devant le service public de la justice. Depuis l’éclatement de cette affaire, la Police Judiciaire (P.J.) est saisie aux fins d’enquête et l’enquête suit son cours. Donc on n’est pas resté sans agir. On a agi par la saisine de la Police Judiciaire (PJ) qui est en train de mener les investigations pour connaître l’origine de cet or et sa destination. Nous savons déjà que l’or serait saisi à Addis Abeba. Les personnes impliquées dans ce trafic vont être identifiées et, en cas de besoin, seront traduites devant les autorités judiciaires. D’ores et déjà, la PJ a été instruite pour utiliser son réseau Interpol pour voir dans les autres aéroports, s’il y avait eu des pratiques pareilles pour déterminer l’ampleur du phénomène de ce trafic d’or. Ensuite, la PJ va utiliser le même réseau Interpol pour s’assurer de la véracité de la saisine de cet or au niveau de l’aéroport d’Addis Abeba pour que la procédure tendant à son rapatriement soit engagée. Parce qu’il faut qu’on ramène cet or pour que justice soit faite aux Nigériens, et au peuple nigérien.
Monsieur le ministre, ce sont au total quelque 1.400 kilos d’or, n’est-ce pas, qui se sont volatilisés ? C’est quoi l’origine de cet or-là ? Est ce qu’il s’agit de l’or du Niger, en fait ?
En tout cas, ce que je peux vous dire, l’origine de l’or, c’est très difficile de le dire, mais nous avons quand même une forte présomption de penser que c’est de l’or nigérien. Et même si cet or n’est pas du Niger, c’est de l’or acheté par des Nigériens ou dans le cadre de l’achat duquel des Nigériens sont impliqués, puisque ayant transité ou passé par l’aéroport international de Niamey pour aller à Addis Abeba où il serait saisi. Donc de deux choses l’une : soit c’est de l’or d’origine nigérienne, soit c’est de l’or acheté par des Nigériens. Mais l’un, dans l’autre, c’est difficile de dire que c’est de l’or d’origine nigérienne ou ce n’est pas d’origine nigérienne. Mais quand même, c’est de l’or qui a quitté le territoire national, donc sûrement appartenant à des Nigériens dont on ne sait pas pour le moment qui ils sont. Mais on est en train maintenant, à travers les investigations qui sont menées, de chercher à déterminer d’abord l’origine, d’où vient l’or, à qui il appartient et qui sont ceux qui ont assuré ce trafic pour sortir l’or du territoire national, pour l’amener à Addis Abeba où il a été saisi ?
Monsieur le ministre, vous avez tantôt parlé, n’est-ce pas, d’Interpol. Est-ce à dire que dans les prochains jours, il y aura des commissions rogatoires qui devraient se rendre sur place à Addis Abeba ?
Pour les commissions rogatoires, tout dépend, parce que quand on parle de commission rogatoire, ça veut dire qu’un juge d’instruction est saisi. C’est lorsqu’une juridiction d’instruction est saisie qu’elle peut faire des délégations soit à la police pour procéder au niveau interne, soit maintenant envoyer des commissions rogatoires aux juges des pays où l’or est saisi. L’un dans l’autre, nous ne sommes pas encore à cette phase. Il y a une phase qui peut être faite au niveau de l’enquête de police et c’est cette phase qui va permettre à la police, si possible, de se déplacer pour aller à Addis Abeba avec tous les moyens nécessaires pour rapatrier cet or. Lorsqu’on aurait établi qu’il est d’origine nigérienne et que c’est en fraude des droits de l’Etat du Niger ou du Niger que ce cet or a quitté le territoire national ou l’a été par des personnes poursuivies devant les juridictions nigériennes pour des faits qualifiés d’infraction à la loi pénale. Donc, en clair, il faut que la police maintenant puisse s’assurer de la véracité de l’existence de cet or pour enclencher la procédure de son rapatriement. Ça sera fait soit à travers la police, soit à travers les juridictions d’instruction, à travers des conventions judiciaires que nous pouvons avoir avec les pays dans lesquels se trouve cet or.
Monsieur le ministre, vous avez tantôt parlé, n’est-ce pas, de l’instruction confiée au niveau de la police judiciaire. Quel rôle alors jouera le pôle économique et financier, puisqu’il s’agit là d’un crime apparemment ?
Oui. Bon, écoutez, la police judiciaire a une unité compétente pour enquêter sur les infractions économiques et financières. C’est sûrement cette unité de la police qui va procéder à l’enquête. Et lorsque le dossier serait bouclé, il sera transmis au pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre les crimes économiques et financiers. Cela ne veut pas dire que ce dossier va être connu ou transmis à une juridiction autre que celle spécialisée pour connaître de telles infractions. n
Radio et Télévision du Niger (RTN)