Voilà dix (10) mois que le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) est aux commandes du Niger. Les jalons jusque-là posés par le nouveau régime sont-ils à la hauteur des attentes du peuple ? La flamme de l’espoir suscité continue-t-elle de briller ?
Un dialogue attendu
Ce 30 septembre 2023 [au soir] le général Abdourahamane Tiani a donné deux interviews en haussa et en djerma à la télévision nationale Télé Sahel. À cette occasion, le patron du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) n’a pas fait mystère de l’intention des militaires : « Nous n’avons pas le droit de passer cinq années au pouvoir, il faut être élu pour cela », a-t-il clarifié. Voilà qui rassure tout le monde. Combien de temps le CNSP compte-t-il passer aux commandes de l’État ? « La transition ne saurait aller au-delà de trois ans », a précisé le général Abdourahamane Tiani.Autre interrogation : ce délai court à partir de quelle date ? C’est toute la question. Pour rappel, dans son allocution du mois d’août 2023, le chef du CNSP a annoncé le lancement d’un « dialogue national », qui dispose de trente jours pour formuler des « propositions concrètes en vue de poser les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle ». En d’autres termes, c’est ce ‘’dialogue national’’ qui doit donner le top départ de la transition au Niger. Sauf que ces assises ne sont toujours pas convoquées.
Le temps s’égrène…
S’il y a un rendez-vous fébrilement attendu au Niger c’est bienle ‘’dialogue national’’ annoncé par le général Abdourahamane Tiani. Voilà dix (10) mois déjà que le CNSP dirige notre pays. Un temps relativement suffisant pour se fixer un cap. Cela fait trois (3) mois que la CEDEAO a décidé de la levée, avec effet immédiat, des sanctions prises contre le Niger après les événements du 26 juillet 2023. Une fois ces contraintes exogènes disparues, normalement, la reprise économique ne saurait tarder. Malheureusement, nous sommes loin d’un tel scénario. L’économie nationale peine à reprendre des couleurs, il faut bien le dire. L’érosion du pouvoir d’achatdes ménages continue. Sur ce point, le CNSP à fort à faire, c’est le moins qu’on puisse dire. La flambée des prix des denrées de première nécessité [notamment le riz] n’est pas pour arranger les choses. Il y a comme une incapacité du gouvernement à se faire entendre des commerçants. « Nous allons poser des actes dans les jours, les mois à venir qui affirmeront davantage la souveraineté de notre pays et la prospérité retrouvée », ces propos du général Tiani datent de décembre 2023. Le temps s’égrène dans une attente de plus en plus insoutenable pour une grande majorité de Nigériens. La résilience des populations a des limites. Le CNSP doit le savoir.
Aller à l’essentiel
Sur le plan purement politique, les institutions et organes de la transition, les garants du fonctionnement régulier de l’État, ne sont pas encore connus des Nigériens. Par contre, le CNSP s’active à donner vie à des entités qui sont loin d’être prioritaires pour le pays. C’est ainsi qu’est né le comité national chargé de l’opérationnalisation de la confédération Alliance des États du Sahel ou CN/AES. L’organisation du ‘’dialogue national’’ ne passe-t-elle pas avant ce comité ? Le peuple attend de connaître les contours de la transition. C’est un secret de Polichinelle, les Nigériens sont divisés sur la durée de la transition. Certes, ce débat s’est quelque peu tassé, mais il existe toujours. Il y a ceux qui, comme le chef de canton de Djoundjou [Dosso], prêchent pour une transition relativement longue : « toute précipitation va encore nous ramener à la case départ. Donc, prenons notre temps parce qu’on a plusieurs défis », estime-t-il. Il y a aussi les partisans d’une ‘’courte transition’’, une option que semble défendre Issoufou Mahamadou. « Seule une solution négociée ouvrira la voie à un retour rapide à un ordre démocratique stable »,a écrit l’ancien président de la République sur X (anciennement Tweeter) ce 24 septembre 2023. Issoufou Mahamadou est-il toujours sur cette position ? La question reste posée. Une chose est sûre, la durée de la transition est au cœur des préoccupations de plus d’un Nigérien. Tout naturellement, les jalons jusque-là posés par le nouveau régime ne font pas l’unanimité. C’est dire que le CNSP doit aller à l’essentiel : fixer un cap pour la transition. Le plus tôtsera le mieux.