Au Mali, le M5-RFP (Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques) a été la cheville ouvrière de la chute du régime dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta. L’actuel premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, est l’une des figures emblématiques de ce collectif d’opposants, de religieux et de membres de la société civile. Comme toute organisation du genre, le M5-RFP n’est pas à l’abri des tensions internes. C’est ainsi que le 5 mars 2024 Choguel Kokalla Maïga a été révoqué de la tête du ‘’Comité stratégique’’ du mouvement par la tendance dirigée par Imam Oumarou Diarra. Les ennuis politiques du chef du gouvernement malien se sont accentués avec l’arrestation de son conseiller Abdel Kader Maïga, ce 8 mars 2024.
Ce dernier s’est vu condamner à deux ans de prison, dont un an avec sursis. Un coup de massue politique pour Choguel Maïga. Depuis, le bouillant premier ministre a quelque peu perdu de sa superbe, pour ainsi dire. D’aucuns disent qu’il serait en froid avec les colonels de Koulouba. Une chose est sûre, l’aile M5-RFP restée fidèle à Choguel Maïga ne cache plus son désaccord avec la direction prise par la transition malienne. « Le M5-RFP s’oppose fermement à un éventuel maintien des colonels au pouvoir plusieurs années supplémentaires, à leur promotion au rang de général et à l’ouverture d’un dialogue avec les djihadistes », rapporte un communiqué rendu public ce 24 mai. C’est un véritable coup de tonnerre. Qui aurait cru une posture aussi radicale de la part des partisans de Choguel Maïga ? « Le premier ministre passe pour isolé, avec une capacité d’action limitée. Le pouvoir est concentré entre les mains des colonels […] », font remarquer les observateurs. Le chapelet de griefs formulés contre le régime militaire se poursuit ainsi : « Le M5-RFP regrette que les ministres issus de ses rangs aient été quasiment tous débarqués du gouvernement lors du dernier remaniement. Le seul qui reste en poste au ministère de la Refondation de l’État n’a aucun poids au sein de l’exécutif. » Choguel Maïga et ses partisans politiques déplorent aussi le fait qu’ils n’ont pas du tout été associés à l’organisation du dialogue inter-maliens. Démis de la présidence du M5-RFP, mouvement qui a assuré sa nomination à la tête du gouvernement, Choguel Maïga est désormais sur un siège éjectable. Son remplacement à ce poste est évoqué depuis des mois. « La transition malienne à la recherche d’un nouveau souffle… Parmi les premiers ministrables, un ministre de l’actuelle équipe et un ex-ministre », lit-on dans un Tweet [X] du journaliste Serge Daniel. Ce fin connaisseur du Mali sait de quoi il parle. Les jours de ChoguelMaïga dans le fauteuil de ministre sont comptés. Nombre d’observateurs en sont convaincus.