Le renversement du régime de la Renaissance acte III du président Bazoum Mohamed par l’armée le 26 juillet 2023 hypothèque de fait la poursuite des politiques publiques en cours de mise en œuvre par ce dernier dans tous les domaines.
Le délai imparti pour la finalisation des travaux du barrage hydroélectrique de Kandadji et sa mise en exploitation (130 MW), qui permettra à notre pays d’assurer son indépendance énergétique, risque d’être compromis du fait de la décision de certains partenaires techniques et financiers (PTF) occidentaux de geler leurs financements pour la finalisation de travaux.
La mise en service de la centrale solaire de Gorou Banda II d’une capacité de 30 MW, qui doit en principe intervenir le 25 août prochain [Il ne restait que les travaux de connexion avec les installations de la Nigelec] serait-il aussi dans l’impasse avec le coup d’Etat militaire ?
Parce que nous n’avons pas créé les conditions pour assurer notre indépendance énergétique, primordiale pour tout développement économique et social, après 63 ans d’accession de notre pays à la souveraineté nationale, nous dormons depuis le coup d’Etat dans le noir, du fait des sanctions de la CEDEAO.
‘’Dormir sur la natte des autres, c’est comme si on dormait par terre’’, a écrit Pr. Joseph Ki-Zerbo, célèbre historien et panafricaniste burkinabè dans son volumineux ouvrage en plusieurs tomes ‘’Histoire Générale de l’Afrique’’, plaidant la reconnaissance et le développement endogène de l’Afrique.
Le président nigérian, Bola Tinubu, méconnaissant certainement les contours du contrat entre son pays et le nôtre dans le domaine de la fourniture d’énergie électrique ne s’est pas encombré de scrupule pour ordonner la suspension unilatérale du jus à notre pays parce que la CEDEAO a voulu qu’il en soit ainsi.
Depuis des semaines, nous dormons dans le noir, les activités économiques du pays tournent au ralenti, parce que nous ne nous sommes pas donné la peine de chercher à assurer notre autonomie énergétique, comptant sur le voisin pendant plusieurs décennies.
Et pourtant, ce ne sont pas les ressources pour produire l’énergie en quantité qui manque dans notre pays, c’est tout simplement lié à un manque de volonté politique, les dirigeants préférant cette situation de dépendance à l’autonomie pour des intérêts purement mercantiles.
Le projet de réalisation du barrage de Kandadji dont l’initiative remonte aux années 60 a toujours été différé au motif de son coût financier est la preuve patente de ce manque de volonté politique et d’une soumission aveugle aux diktats des partenaires occidentaux qui ne veulent jamais voir nos pays africains jouir pleinement de leur souveraineté. Ça sera leur déclin inéluctable parce qu’ils seront privés de nos matières premières qui servent à faire tourner aujourd’hui leurs économies
Le fait que le Nigéria, malgré l’historicité et la profondeur des liens qui nous unissent, accepte de nous priver d’électricité pour une crise politique purement interne à notre pays prouve à suffisance que la CEDEAO et l’UEMOA sont loin d’être des organisations d’intégration sociale et économique indépendantes.
Ce douloureux épisode de privation d’électricité que les Nigériens vivent actuellement doit servir de cadre, à l’occasion de cette nouvelle ère de transition qui s’ouvre, pour jeter les bases d’un certain nombre de politiques hardies à mettre en œuvre en vue d’un développement économique et social irréversible de notre pays. L’atteinte de l’indépendance énergétique du Niger par tous les moyens figure en tête de liste parmi ces politiques, car c’est elle qui conditionne l’accélération de l’industrialisation du pays.
Un cadre global visant l’atteinte de cet objectif doit être défini pour servir de gouvernail à n’importe quel parti politique qui viendrait à prendre le pouvoir après la transition militaire.
Les mêmes garde-fous doivent être mis en place dans le secteur de services sociaux de base (éducation, santé, agriculture, etc.), pour éviter la perpétuation de ces politiques publiques contre-productives [3N, classes digitales, etc.] qui se sont relevées comme de véritables gouffres à sous pour le grand bonheur de la clientèle politique du régime. Quel sort sera réservé par les nouvelles autorités au programme de construction d’internats pour jeunes filles dans les zones rurales ? La question reste posée.