Après les incertitudes qui ont plané sur la tenue de la 7ème session de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey au titre du mois d’octobre 2023, avec la suspension de la coopération des partenaires techniques et financiers, cette session va bel et bien se tenir, et ce, sur fonds propres de l’Etat du Niger. Pour le Ministre de la Justice, Alio Daouda, la suspension de la coopération des partenaires ne doit pas sonner le glas de ces assises criminelles grâce auxquelles le jugement des crimes est devenu plus rapide. Et cette 7ème session s’est ouverte comme initialement prévue ce lundi 16 octobre sous la présidence du 1er vice-président du tribunal. Dix jours durant, du 16 au 27, trente (30) dossiers seront jugés. Il s’agit de dix (10) cas de viol, huit (8) cas de vol, quatre (4) de coups mortels et meurtre, deux (2) cas d’incendie volontaire, un (1) cas de vol par salarié de nuit en réunion et un (1) cas de coups et blessures volontaires et incendie volontaire.
Au regard de la récurrence des crimes qui seront jugés, le 1er vice-président du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, Boubacar Ibrahim, a appelé la société à une introspection et à une prise de conscience pour que l’éducation redevienne une priorité des familles. La violence et la criminalité ont pris des proportions inquiétantes dans notre société. Pour le Procureur adjoint, notre société est malade et le remède efficace serait, selon lui, l’application de la loi dans toute sa rigueur. Contre le vol criminel et le viol, par exemple, Amadou Moussa Zaki a appelé la Chambre criminelle à prononcer des peines plus lourdes. Mais la peur du gendarme suffira-t-elle à ramener une jeunesse désœuvrée et sans perspectives sur le droit chemin ? Intervenant au nom du Barreau, Me Mariama Issa Abdou, elle, dira que la sanction n’est pas la solution. Elle préconise l’éducation comme la solution pour prévenir et faire face aux maux qui minent notre société. Et Me Mariama de préciser que l’attitude des parents vis-à-vis de l’éducation peut à la fois inspirer les enfants et les responsabiliser au cours de leur propre parcours éducatif. S’adressant aux jurés, elle a rappelé à ceux-ci qu’un accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter. Au cours de ces assises, outre le bénévolat des avocats professionnels, trois avocats stagiaires auront également à accompagner les accusés.
Il est à noter aussi qu’au cours de ces assises, les magistrats professionnels auront à leurs côtés des jurés (deux titulaires et deux suppléants) qui sont des citoyens tirés au sort sur la liste électorale par la Mairie. Ces jurés prêtent serment avant d’être renvoyés à l’exercice de leur fonction. Le texte du serment demande aux jurés de notamment examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges portées contre l’accusé, de ne trahir ni ses intérêts, ni ceux de la société qui l’accuse, ni ceux de la victime.