Comme nous le subodorions dans une précédente parution, les interrogatoires au fond par le juge d’instruction du Tribunal militaire de Niamey des personnalités civiles et militaires arrêtées dans le cadre de l’affaire colonel-major Midou Guirey et plusieurs autres, du nom de l’ex – Haut commandant de la Garde nationale, ont débuté ce lundi 13 novembre. Ces personnalités sont en détention dans plusieurs prisons du pays depuis le 20 septembre 2023, accusées de trahison et de complot ayant pour but de porter atteinte à la sûreté et à l’autorité de l’État à la suite des évènements du 26 juillet 2023.
L’enquête judiciaire a donc démarré avec les auditions des sieurs Foumakoye Gado, ancien haut représentant du président Mohamed Bazoum, Kalla Moutari (transféré de la prison de Say à celle de Niamey pour des raisons de santé), ancien député et ancien ministre de la Défense nationale, et Alat Mogaskiya, ex – ambassadeur du Niger au Nigeria. Tous les accusés sont défendus par un collectif d’avocats. Cette enquête vise à établir s’il y a des éléments suffisants afin de poursuivre les personnes citées dans cette affaire en justice. S’il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable le fait qu’elles ont, en tant qu’auteur ou complice, commis ou tenté de commettre une infraction, le juge d’instruction peut les mettre en examen. A la fin de l’instruction, le juge d’instruction pourra soit rendre une ordonnance de non-lieu, soit rendre une ordonnance de renvoi devant le tribunal militaire pour jugement.
Mais ces infractions de trahison et de complot sont-elles fondées à l’égard de tous les accusés ? Selon un avocat, le dossier serait vide, surtout à l’égard des civils. L’ancien ministre de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, a été arrêté en même temps que le président Mohamed Bazoum et ses téléphones portables confisqués, le privant ainsi de tout contact avec le monde extérieur. Si une tentative de concertation entre loyalistes avait bien eu lieu au Haut commandement de la Garde nationale, celle-ci n’avait concerné que quelques civils, qui ont depuis fui le pays, les mêmes qui avaient appelé à une intervention militaire extérieure pour rétablir l’ordre constitutionnel. Alors qu’il était aux mains des mutins, Mohamed Bazoum avait appelé les participants à cette concertation à ne rien entreprendre, les assurant que des négociations étaient envisagées pour une sortie de crise. Finalement, il n’y aura ni tentative de contre-putsch, ni sortie de crise. Les négociations ont buté sur le refus du président Mohamed Bazoum de signer sa démission, celui-ci ayant compris qu’il était victime d’une révolution de palais. Ce mardi 14 novembre, c’est au tour de Hamadou Adamou Souley, ancien ministre de l’Intérieur, Ahmat Jidoud, ancien ministre des Finances, et un certain Abdou, chef de cabinet de Mme Bazoum Hadiza, d’être auditionnés par le juge d’instruction. Affaire à suivre…