En dénonçant le 3 août dernier, les cinq (5) accords de coopération militaire signés avec la France sur une période s’étendant de 1977 à 2020, le CNSP a posé un acte fort, symbolique de l’évolution de la relation entre Niamey et Paris.
Le prétexte de cette décision réside dans ce que le CNSP perçoit comme une désinvolture de la part de la France suite au coup d’État du 26 juillet. Une réaction jugée comme une atteinte à la souveraineté du Niger. Mais cette décision ne concerne pas uniquement des considérations diplomatiques ; elle a des implications concrètes.
La présence militaire française au Niger est loin d’être anecdotique. Engagée depuis 2013 dans la lutte contre le djihadisme, elle est équipée d’un matériel militaire conséquent, allant des avions Mirage 2000 D aux drones MQ-9 Raeper. Ces forces disent épauler l’armée nigérienne dans la lutte contre des entités terroristes redoutables telles que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’État islamique au Sahel.
Mais aujourd’hui, l’horloge tourne pour ces troupes françaises. Le CNSP a fixé une date butoir pour qu’elles plient bagage, plaçant ainsi la France devant un dilemme : se retirer du Niger, respectant ainsi la volonté de la junte au pouvoir, ou rester, risquant ainsi de détériorer davantage des relations déjà fragilisées.
Ce bras de fer entre Niamey et Paris est observé avec une attention toute particulière par la communauté internationale. L’Union européenne, entre autres, scrutera chaque mouvement, chaque décision, car ce qui se joue au Niger aura des répercussions sur la stratégie globale de lutte contre le terrorisme au Sahel.
La France se retrouve donc dans une position délicate, tiraillée entre le respect de la souveraineté du Niger et la volonté de maintenir sa présence dans la région pour lutter contre le terrorisme. Les prochaines semaines seront cruciales et détermineront l’avenir des relations entre la France et le Niger, mais aussi comment la communauté internationale envisage son rôle dans la lutte antiterroriste dans une région aussi stratégique que le Sahel.