Le candidat favori de l’opposition, qui concourait à la présidentielle à la place d’Ousmane Sonko, a été élu dimanche 24 mars dès le premier tour, un résultat historique. Il était sorti de prison dans la nuit du 14 mars en vertu d’une loi d’amnistie votée. Bassirou Diomaye Faye était le candidat par défaut des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) à l’élection présidentielle sénégalaise. Personne n’ignore que le véritable patron du parti est Ousmane Sonko, le phénomène contestataire qui électrise la scène politique sénégalaise depuis cinq ans. Mais sa candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel en janvier, du fait de sa condamnation définitive à six mois de prison avec sursis dans une affaire de diffamation. Le plan B du Pastef a donc parfaitement fonctionné.
Macky Sall le pressentait
Le président sortant Macky Sall a vu venir de loin la catastrophe. S’il a voulu différer, bien inutilement l’inéluctable, c’est pour cette évidence. Mais sa solution aurait-elle été la meilleure ? Ne vaut-il pas mieux affronter l’épreuve dès maintenant, et s’arranger pour orienter les faits ultérieurement, dans un sens moins dommageable pour les sortants ? Seule l’avenir pourra trancher. Deuxième tour ou pas, il n’en reste pas moins que Bassirou Diakhtar Djomaye Faye, sauf accident imprévisible, sera le 5ème président de la République Sénégalaise, sans le moindre doute. Comme on le sait, par la force des choses, il a dû remplacer Sonko Ousmane comme candidat aux présidentielles, devenant ainsi son avatar tout fait. Le panafricaniste Ousmane Sonko, a montré sa détermination à faire table rase des scories du passé. A ce titre, nous Nigériens, membres de l’AES, ou tout simplement Africains, nous nous devons de prêter une oreille attentive à tout ce qui se dira dans le pays de la Teranga ces jours-ci.
Le Sénégal a basculé
Ousmane Sonko, ci-devant, président du PASTEF dissout, est le véritable gagnant des élections présidentielles. Tout le problème pour Bassirou Djomaye Faye est de trouver la meilleure formule pour pouvoir lui transmettre les pouvoirs essentiels dévolus normalement au chef de l’Exécutif, un peu à la manière de Poutine-Medvedev. Soit, comme lui-même l’a déclaré sur les médias de son pays, il va nommer immédiatement Ousmane Sonko, Premier ministre, et lui laisser formellement, ou informellement, le volant de l’Exécutif, soit, il crée un poste de vice-président, puis démissionne pour permettre à ce vice-président, en l’occurrence Ousmane Sonko, de prendre les rênes de la magistrature suprême. Induction ? Le nouvel homme fort du Sénégal est donc Ousmane Sonko. CQFD.
Conséquences pour le Niger et l’AES
Le panafricaniste Ousmane Sonko n’a jamais fait mystère de ses convictions politiques, d’homme de gauche, d’enfant du peuple, pour tout dire. Il faut s’attendre à de multiples chamboulements. Notamment pour le franc CFA, il ne tergiversera pas longtemps pour rejeter aux orties cet instrument néocolonial. Une nouvelle monnaie, au pire uniquement Sénégalaise, au mieux sous régionale, verra le jour, avec la condition sine qua non qu’elle ne soit pas arrimée à une autre monnaie, mais plutôt à un panier de devises bien choisies. Comme on le voit, nous serons à mille lieues des tripatouillages Macron-Ado. En outre, le stationnement des troupes et le positionnement des bases étrangères sur le territoire national seront bannis. Et, tout naturellement, au plan culturel, des ajustements seront à opérer. Le Sénégal, fleuron de la France-Afrique, qui bascule dans une posture progressiste, va nécessairement créer une dynamique apte à remettre en cause beaucoup d’idées reçues que les Africains ânonnent à longueurs d’années, sans se rendre compte que c’est à leur propre détriment. De ce fait, le Sénégal rejoignant l’AES n’est pas une vue de l’esprit, mais une évolution irrésistible et souhaitée. Dès lors, la seule fixation néocoloniale en Afrique de l’ouest, qu’il faudra dynamiter, reste la Côte d’Ivoire. Ce qui ne saurait tarder avec l’effacement imminent du sénile d’Abidjan, Alassane Dramane Ouattara. Le remplacer au pied levé ne sera pas chose aisée. Les falots de cette trempe ne se trouvent pas au coin des rues.
Coup de tonnerre
Salutaire. Le réveil de l’Afrique est annoncé. Les présidentielles du Sénégal sonnent le glas des forces rétrogrades. Si ce pays veut s’intégrer à l’AES, comme beaucoup d’observateurs le supputent, il faudra qu’Ousmane Sonko puisse rectifier certains articles des accords de coopération qui lient son pays à la France, notamment l’article 6 qui donne le droit à cette dernière d’intervenir militairement, si ses intérêts sont menacés. Cette nouvelle situation provoquera certainement des attitudes dubitatives, voire carrément sceptiques. Que ceux qui veulent mener des combats d’arrière-garde en doutant de la marche de l’histoire qui défile sous leur yeux s’accrochent à des chimères qui leur feront espérer que demain, le soleil ne se lèvera pas à l’Est.