Les compagnies aériennes subissent de plein fouet les ravages du Covid-19. Baisse du trafic aérien, nouvelles mesures sanitaires, ou encore vols annulés et indemnisations, tout semble contre ces grandes entreprises. Même si le volume de fret montre une explosion spectaculaire, le trafic des passagers à l’international est réduit de 86,6 % comparé au niveau avant la pandémie mondiale (1,4 milliard de passagers de moins qu’en 2019). Selon l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) qui regroupe plus de 280 compagnies, le Covid-19 a engendré des dommages considérables à l’industrie du voyage et du transport aérien commercial. Ces secteurs ne pourront retrouver les performances d’avant-crise qu’à partir de 2023/2024. En attendant, les gouvernements tentent de tenir à flots leurs compagnies. L’État français injecte des aides en masse en soutien à Air France, situation dénoncée par ses concurrents. Mais, au même moment, le directeur d’Air France au Niger, Denis Perrot, veut perpétrer une « purge » au sein des employés nigériens.
Des emplois menacés
Si l’on en croit Denis Perrot, « au cours des trois derniers trimestres 2020, les résultats de notre compagnie sont en progression négative avec des pertes records sans précédents ». Toutefois, celui-ci s’est abstenu d’avancer le moindre chiffre. Pour faire face à cette situation, Air France au Niger opte, en novembre 2020, pour des mesures d’adaptation. Un protocole de départ volontaire est proposé aux travailleurs. Ce protocole dit : « Les augmentations générales et individuelles ainsi que les promotions sont suspendues au titre de l’année 2021. A compter du mois de novembre 2020, et jusqu’au mois de décembre 2021, les salariés consentent à une réduction salariale de 15% sur le salaire de base, impactant par conséquent la prime d’ancienneté. Ces mesures sont également applicables à la population du secteur du Cargo ». Ce protocole, conçu de manière unilatérale par la Direction d’Air France au Niger, ne passe pas auprès du personnel, qui le rejette.
Date butoir du 14 avril
Air France au Niger veut imposer des licenciements à ses agents. La compagnie exige qu’ils signent ce protocole de départ volontaire individuel auprès de l’étude notariale de Maître Safi Morou. Les agents ont jusqu’à ce jeudi 14 avril à midi pour s’exécuter. Ceux qui refusent de signer seraient purement et simplement licenciés. Denis Perrot, un comportement de colon qui se trompe de personnes et d’époque ? Air France en position de force au Niger ? Ce qui est sûr, nombre de travailleurs refusent de se laisser intimider. Et la loi est de leur côté.
Ignorance ou défiance contre la loi ?
Ce protocole, que l’on veut imposer, déroge au cadre légal, car il touche aux avantages acquis qui sont protégés par la législation du travail. La réduction collective des salaires consécutive à une difficulté économique n’a pas été prévue par la législation du travail nigérienne. Air France pouvait passer par une réduction de personnel dans les conditions prévues par les articles 80 et suivants du code de travail. Au Niger, le départ volontaire, au même titre que le départ négocié, est soumis à la négociation entre les deux parties ; les conditions d’un départ sont arrêtées de commun accord entre l’employeur et le (s) travailleur (s) conformément à l’esprit de l’article 86, alinéa 2, du code de travail. Par ailleurs, au cours d’une réunion tenue le 22 mars dernier entre la Direction d’Air France au Niger et les travailleurs concernés par le licenciement, en présence d’un représentant de l’Inspection du Travail de Niamey, il a été envisagé l’externalisation des activités commerciales d’Air France en les confiant à une société privée. Dans un tel cas de figure, les contrats de travail en cours subsistent entre le nouvel employeur et le personnel. Cette externalisation se traduirait par une modification de la situation de l’employeur conformément aux articles 97 et 98 du code du travail. Le sieur Denis Perrot n’a à aucun moment manifester une quelconque volonté de travailler dans le cadre d’un dialogue social constructif. Son mépris vis-à-vis des lois nationales et des employés nigériens devraient interpeller le Ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection sociale. Et aussi parce que ces employés sont menacés de licenciement ‘’sauvage’’. Affaire à suivre…