Un diplomate guinéen pris à partie par un policier à Niamey
Un Consul est un agent officiel nommé et envoyé par un État sur un territoire étranger donné pour y défendre les intérêts de cet État et y exercer l’autorité que celui-ci conserve sur ses nationaux établis hors de ses frontières. Son statut international est fixé par la Convention de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963, entrée en vigueur le 19 mars 1967. Un statut qui lui offre des droits importants. Des facilités, privilèges et immunités sont en effet consentis à un consul et au consulat qu’il dirige. L’article 34 de ladite Convention, relatif à la liberté de mouvement, dispose : « Sous réserve de ses lois et règlements relatifs aux zones dont l’accès est interdit ou réglementé pour des raisons de sécurité nationale, l’État de résidence assure la liberté de déplacement et de circulation sur son territoire à tous les membres du poste consulaire ». Quant à l’article 40, relatif à la protection des fonctionnaires consulaires, il dit : « L’État de résidence traitera les fonctionnaires consulaires avec le respect qui leur est dû et prendra toutes mesures appropriées pour empêcher toute atteinte à leur personne, leur liberté et leur dignité ». L’article 64, qui porte sur la protection du fonctionnaire consulaire honoraire, dispose : « L’État de résidence est tenu d’accorder au fonctionnaire consulaire honoraire la protectionqui peut être nécessaire en raison de sa position officielle ». Mais ces dispositions pertinentes de la Convention de Vienne sur les relations consulaires semblent être ignorées par des agents publics au Niger. C’est le cas de l’inspecteur de police Kadina Hama, chef du poste mixte de contrôle de police de Saguia, situé à la sortie de Niamey sur la route de Say.
Le lundi 04 juillet 2022, le Consul honoraire de la République de Guinée à Niamey, Ibrahim Amadou, alors qu’il revenait de Say, s’est tout naturellement arrêté au niveau du poste mixte de contrôle de police de Saguia. Sur place, sans qu’on ne sache pourquoi, le policier, n’ignorant rien du statut de diplomate d’Ibrahim Amadou, s’en prend vertement à lui, avec des violences verbales. La même scène s’était déjà produite deux semaines auparavant malgré que le diplomate se soit présenté au policier. Ce dernier est allé jusqu’à qualifier le Consul d’« étranger ». Cette scène surréaliste s’est déroulée devant des témoins oculaires. L’un d’eux, un porteur de tenue militaire, rapporte : « Le Consul revenait de son jardin quand il s’est arrêté au poste mixte de contrôle de police où il a demandé une bouilloire pour faire des ablutions pour la prière. Aussitôt, l’inspecteur de police Kadina Hama commença à crier sur le Consul en lui disant de quitter immédiatement les lieux et qu’il ne va pas prier sur place. ‘’ Tu es sensé me protéger et non m’agresser, rétorque le Consul au policier’’. Et ce dernier de se mettre à tenir des propos déplacés, discourtois, contre son vis-à-vis. Les subordonnés de l’inspecteur de police ont à leur tour menacé le Consul de le menotter. Il qualifie le diplomate d’étranger et lui dit qu’il ne pourra rien faire contre lui ».
Ce comportement discourtois et scandaleux du policier vis-à-vis du diplomate a conduit le Consulat de Guinée à saisir, le mercredi 06 juillet, le Ministère nigérien des Affaires étrangères d’une plainte. Parallèlement, une autre plainte a été déposée au niveau du tribunal d’arrondissement communal Niamey 5, mais la procureure déléguée aurait refusé de donner suite à ladite plainte. C’est ainsi que le 26 juillet, une nouvelle plainte, avec cette fois-ci constitution de partie civile, a été déposée auprès du juge d’instruction dudit tribunal communal.
Du côté du Ministère des Affaires étrangères guinéen, on se garde, pour l’instant, de toute réaction officielle. L’on attend de voir le traitement qui sera donné à ce dossier par les autorités nigériennes pour éventuellement réagir. Affaire à suivre…