Unis dans la colère
Il y a bien longtemps que le front social et syndical de notre pays n’a connu une aussi large vague de déclarations que celle de ces jours-ci. Tous pour la République (TPLR Al-Qibla), Tournons La Page Niger (TPL), l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN), le Mouvement M62, les syndicats du secteur des transports sont autant de structures organisées qui se sont exprimées sur la hausse du prix du gasoil à la pompe en vigueur depuis ce 1er août 2022. Chacune de ces entités est porteuse de la colère du peuple contre la décision unilatéralement prise par le gouvernement. Qu’ils soient des leaders de la société civile ou des dirigeants de structures socioprofessionnelles, tous ceux qui dénoncent cette hausse inexplicable exhortent les citoyens à une unité dans la colère. C’est ainsi que TPLR appelle à « la formation d’une large coalition patriotique (OSC, Partis, Ongs, syndicats, artistes, religieux etc.) en vue de dénoncer les turpitudes de la gestion de notre pays, et de constituer un front républicain de formulation d’alternatives sociales, crédibles et solidaires à même de redonner au Niger de l’espoir. » On le voit, les récriminations fusent de toutes parts pour condamner un régime incapable de pourvoir aux besoins basiques des citoyens.
Méthode Coué ou mépris ?
« […] Mohamed Bazoum est arrivé ce samedi 13 août 2022 à Zinder, sa région natale, où il a entamé ses traditionnelles vacances estivales », a fait savoir la cellule communication de la présidence du Niger. Visiblement, le chef de l’État est convaincu d’avoir étouffé la grogne contre le nouveau prix du gasoil. Sûr de son coup, Bazoum Mohamed est parti se mettre au vert sans annoncer la moindre mesure à même de soulager les consommateurs nigériens déjà en proie à une vie chère sans précédent. Soit le président de la République est adepte de la méthode Coué, soit il sous-estime arrogamment la capacité d’indignation de ses concitoyens. Une chose est sûre, il prend avec une légèreté déconcertante les premières contestations sociales de son quinquennat. Le feu couve sous les cendres, c’est ce que laisse deviner la déclaration de cinq (5) syndicats du secteur des transports : « […] Le soi-disant accord signé entre le gouvernement et certains individus auto-proclamés porte-paroles des collectifs et syndicats du secteur des transports en quête de prébendes n’engage que leurs propres personnes », lit-on dans une déclaration de presse conjointe publiée ce 09 août 2022.
Au pied du mur
Au lieu de trouver des solutions à l’érosion du pouvoir d’achat des Nigériens, Bazoum Mohamed a préféré opter pour une villégiature aux frais du contribuable. Il n’y a pas que la cherté de la vie qui préoccupe les citoyens. Sur plusieurs portions du territoire national, des villageois vivent sous la loi des groupes terroristes. Le retour de la sécurité est l’un des échecs majeurs de ce début de quinquennat. Le chef de l’État peine à redonner espoir à des milliers de Nigériens contraints de vivre au quotidien la peur au ventre. « Je serais moi-même si au bout des 5 prochaines années j’aurais agi de façon à sensiblement améliorer, entre autres, la sécurité, la qualité de l’éducation, l’accès aux soins, à une meilleure alimentation, à l’eau potable […] au profit de tous les Nigériens », a souhaité le président de la République dans son discours d’investiture. Quelque 16 mois plus tard, force est d’admettre que Bazoum Mohamed n’a pas encore emprunté la voie de la réalisation de son vœu.