Des doigts accusateurs
Une forte poussée de violence urbaine s’est emparée de Niamey le 23 février 2021 dès l’annonce par la Commission Électorale Nationale indépendante (CENI) du sacre de Mohamed Bazoum au second tour de l’élection présidentielle. Les autorités en place et leurs suppôts n’ont pas mis longtemps à débusquer les principaux ‘’instigateurs’’ de ce chaos postélectoral : Hama Amadou et le général à la retraite Moumouni Boureïma dit Tchanga. « Ces acteurs politiques ont mis en œuvre leur plan machiavélique de troubles à l’ordre public afin de déboucher sur une insurrection le 23 février 2021 au moment même où la Commission Électorale Nationale Indépendante s’apprêtait à annoncer les résultats provisoires du second tour », a accusé Albadé Abouba dans une déclaration qu’il a lue au non des partis politiques membres de la coalition soutenant Bazoum Mohamed. De son côté, Idrissa Waziri (alors porte-parole du candidat du PNDS-Tarraya) a enfoncé le clou : « Monsieur Hama Amadou, je me souviens de ces déclarations […] Il disait clairement à ses partisans qu’ils connaissent les maisons, c’est-à-dire les domiciles des militants du PNDS-Tarayya, et qu’ils doivent s’attaquer à eux », a-t-il laissé entendre. Arrêtés et éparpillés dans différentes prisons du Niger, le leader du Moden FA Lumana et ses compagnons d’infortune attendent toujours d’être fixés sur leur sort judiciaire.
Une énigme nommée Hama
Hama Amadou, Moumouni Boureïma dit Tchanga, Abdou Mamane Lokoko, Seydou Tahirou Mayaki, Djibril Baré Maïnassara sont les principales personnalités politiques arrêtées au lendemain des troubles qui ont suivi l’élection de Bazoum Mohamed. Après un peu plus d’une année de détention, Abdou Mamane Lokoko a recouvré sa liberté en écopant au passage d’une peine de prison ferme de 12 mois. Quant à Djibril Baré Maïnassara, il a été mis en liberté provisoire après quelques jours passés dans les locaux de la Police Judiciaire de Niamey. Emprisonné à Fillingué le 1er mars 2021, Hama Amadou a eu l’autorisation de suivre des soins de santé en France au début du mois d’avril de la même année. Moumouni Boureïma dit Tchanga et Seydou Tahirou Mayaki (patron de la section Lumana de Tillabéri) sont les seuls politiciens qui gardent toujours prison dans cette affaire. Mais les choses bougent ces jours-ci. D’après nos informations, le doyen des juges d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de Niamey, a procédé à une disjonction de la procédure engagée contre les prévenus. En termes clairs, il a été décidé de dissocier l’examen des griefs afin de les faire juger au cas par cas. C’est ainsi que Djibril Baré Maïnassara, Moumouni Boureïma dit Tchanga et Seydou Tahirou Mayaki sont tous passés dans le bureau du doyen des juges d’instruction afin de prendre connaissance de la nouvelle procédure. Notons que Hama Amadou n’est pas pour le moment concerné. Le cas du leader du Moden FA Lumana reste donc une énigme.
Les choses bougent
« Je presse le ministre de la Justice d’accélérer le cours de celle-ci afin que les 90 personnes toujours détenues dans le cadre de ces troubles électoraux soient jugées le plus rapidement possible », a dit Bazoum Mohamed dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique en octobre 2021. Un constat s’impose aujourd’hui, les choses bougent et laissent entrevoir une issue judiciaire dans les prochaines semaines. Doit-on s’attendre à une décrispation politique ? Une chose est certaine, le président de la République a ardemment besoin d’un climat politique apaisé. Bazoum Mohamed n’a aucun intérêt à poursuivre la stratégie de la tension permanente privilégiée par son prédécesseur des années durant. Une telle attitude est porteuse de péril pour le Niger déjà en proie à une multitude de crises.