L’observance de certains principes comme la retenue, la pudeur, pour ne pas paraître ridicule aux yeux de la société, a définitivement cessé d’être un souci chez certains de nos compatriotes. Ils n’ont rien à cirer de l’accueil répugnant qui sera réservé par l’opinion à l’acte indécent qu’ils décident de poser face à une circonstance donnée, seul compte pour eux le but qu’ils espèrent atteindre à travers l’initiative.
La sortie médiatique, en fin de semaine dernière, d’un groupe d’acteurs associatifs et politiques ouvertement étiquetés défenseurs acharnés devant l’Eternel du régime déchu de la Renaissance, pour annoncer la création d’une nouvelle structure dénommée ‘’Dynamique citoyenne pour une réussite de la transition’’ (DCTR) a certainement abasourdi de nombreux Nigériens.
On est où là ? On est dans quelle société ? C’est quoi encore cette pirouette spectaculaire de cette clique d’acteurs hétéroclites -hier seulement ‘’chiens de garde invétérés’’ du régime impopulaire de la Renaissance- qui sortent aujourd’hui annoncer, sans honte, aux Nigériens la création d’un nouveau cadre associatif pour soutenir la junte militaire qui a leur a ôté le pain de la bouche, à réussir sa mission.
La déclaration de création de la DCTR dont la composition présumée ratisse large (collectifs des droits de l’Homme, centrales syndicales, collectifs des femmes, collectifs des jeunes, collectifs des religieux, collectifs des chefs coutumiers, universitaires, le Barreau, les plateformes paysannes, les syndicats d’étudiants, etc.) a été lue avec solennité par Issoufou Sidibé, cet ancien SG de la CDTN, casé depuis plus de 12 ans à la présidence de la République comme conseiller avec rang de ministre.
En présence de nombreux autres acteurs civiques qui se la coulaient douce sous le parasol du régime déchu qu’ils ont aujourd’hui décidé de lâcher brutalement pour accompagner le CNSP ‘’dans sa marche résolue vers l’affirmation de notre souveraineté et notre dignité’’ à travers le rétablissement des ‘’relations diplomatiques entre notre pays et le reste du monde dans le strict respect de notre identité en tant que peuple souverain et libre de ses choix stratégiques’’.
Ce faisant, ils ont décidé de se départir ‘’des tares différentielles et antivaleurs’’ dont ils ont fait la promotion plus d’une décennie durant pour favoriser l’union de tous les Nigériens autour de ‘’ce noble combat’’ pour la sauvegarde de la patrie, ‘’une la transition réussie et le retour à la démocratie dans un climat apaisé’’.
Reniant totalement leur contribution aux politiques malsaines et destructrices de la société mises en œuvre par le régime déchu, les responsables de la DCTR, espèrent même jouer de beaux rôles sous la nouvelle transition. Sidibé n’a pas sourcillé, un tantinet, pour affirmer leur volonté de ‘’contribuer au dialogue inclusif sous les orientations du CNSP en vue d’un retour pacifique à l’ordre constitutionnel’’ ; ‘’de participer de manière responsable à l’animation de la transition à tous les niveaux de l’action publique’’ ; ‘’participer à un plaidoyer à tous les niveaux pour le respect de la dignité humaine et le respect de toutes les valeurs positives de la société et de la justice sociale et économique’’.
Reniement flagrant de soi
Ce n’est pas tout ! La DCTR se dit aussi disposer à ‘’participer à un plaidoyer pour une levée rapide des sanctions économiques et financières contre notre population déjà vulnérable au changement climatique et à sa posture géographique enclavée’’ ; à ‘’soutenir le CNSP dans sa lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle’’ ; ‘’dans sa volonté de faire prévaloir notre droit absolu sur nos ressources naturelles, dans sa lutte avérée contre la corruption et les détournements des deniers publics’’.
La structure entend également ‘’défendre et promouvoir les droits de l’Homme, la démocratie et l’indépendance de la justice ; promouvoir le secteur privé nigérien afin qu’il retrouve sa place dans l’économie nationale et sous régionale ; soutenir nos forces de défense et de sécurité (FDS) dans leur lutte quotidienne contre l’insécurité et la défense de l’intégrité territoriale’’.
Lançant des fleurs au Général Tiani et au CNSP pour ‘’leur fermeté vis-à-vis de la France’’ au détour d’une motion de remerciement aux personnalités nationales et étrangères qui se sont déployées pour empêcher l’intervention militaire de la CEDEAO dans notre pays, Sidibé et les siens se sont même permis de mettre en garde met en garde ‘’tout esprit malveillant qui tente ou tentera de déstabiliser la bonne marche de la transition en cours dans notre pays’’. Allusion faite, on s’en doute, à la tentative d’évasion déjouée du président déchu Bazoum le 19 octobre dernier.
A travers la création de cette nouvelle structure, qui n’a absolument rien de sincère aux yeux de nombreux Nigériens, il ne s’agit ni plus ni moins pour les initiateurs que de tourner rapidement la page Bazoum pour tenter de s’agripper à l’embarcation de la junte militaire.
Le profilage des responsables de la DCTR fait ressortir des acteurs civiques animés d’une conviction volatile, plus proches de l’ancien président Issoufou Mahamadou, guidés pour beaucoup par le souci de préservation de leur confort personnel.
N’est-ce pas de cela qu’il s’agit quand ils admettent aujourd’hui seulement la pertinence de l’expulsion des soldats français de notre pays, la corruption généralisée du système politique qu’ils ont servi, la nécessité impérieuse d’avoir une souveraineté sur nos ressources du sous-sol, etc.? Où est le sérieux dans ce mea-culpa d’arrière-garde ? La DCTR ne peut emballer aucun Nigérien lucide !