La récente visite du Premier ministre de transition, Ali Mahamane Lamine Zeine, à Brazzaville au Congo, pour assister à la neuvième réunion du Comité de haut niveau de l’Union Africaine (UA) sur la Libye, s’est avérée être un véritable paradoxe géopolitique.
Le Niger, un acteur stratégique dans la crise libyenne, notamment en raison de sa proximité et de l’impact du flux migratoire clandestin en provenance de la Libye, avait toutes les raisons de marquer sa présence à cette réunion. Toutefois, la participation du Premier ministre nigérien a été marquée par une absence remarquée lors de la plénière et sur la photo de famille de l’événement, soulevant ainsi des interrogations sur l’efficacité et la portée de son voyage.
Cette situation s’explique en partie par le contexte politique du Niger. Suite au coup d’État du 26 juillet contre le président Mohamed Bazoum, notre pays a été suspendu des instances de l’UA (une sanction qui le privait de l’invitation formelle à participer à cette rencontre) et a également quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette mise à l’écart institutionnelle a indubitablement influencé la capacité du Niger à participer pleinement aux délibérations du comité.
Cependant, le voyage de Lamine Zeine au Congo, bien que n’ayant pas inclus une participation formelle à la plénière de l’UA, n’a pas été dépourvu de signification. Invité par la République du Congo, comme en témoignent les communications officielles de la présidence congolaise, il illustre la volonté du Congo de reconnaître et de soutenir le Niger dans un contexte africain tendu. La rencontre avec le président Denis Sassou Nguesso, en marge de la réunion, revêt une importance symbolique.
La décision du Premier ministre Lamine Zeine de se rendre à cette réunion, même dans un rôle réduit, peut être interprétée comme un pas vers la réintégration du Niger dans les cercles diplomatiques africains et un effort pour maintenir sa pertinence dans les discussions régionales, notamment sur des questions aussi cruciales que la crise libyenne.
En conclusion, la visite de Lamine Zeine au Congo, malgré ses limites apparentes, a probablement offert au Niger une occasion de renouer des liens, de s’engager dans un dialogue bilatéral fructueux et de réaffirmer sa position sur des questions régionales importantes. Cette expérience révèle l’importance des réseaux et alliances, dans un contexte en Afrique où la politique, le protocole et la géopolitique se rencontrent et s’entremêlent souvent de manière inattendue.