Sous Issoufou Mahamadou, le Niger est devenu une terre d’impunité pour les ripoux de tout poil tapis dans la camarilla de la majorité au pouvoir. En avril 2017, conduite par Saddi Soumaïla (un tarrayiste pure souche), la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l’affaire dite « Uraniumgate » a complètement absous tous les bandits à col blanc impliqués dans cette affaire crapuleuse de vente d’uranium. Circulez y’a rien à voir ! Le dossier est ainsi enterré. Uraniumgate est l’un des tout premiers scandales politico-financiers sous la Renaissance. Il y en a aura d’autres dans divers domaines, tout aussi choquants. Des concours d’entrée à la fonction publique truqués aux accords de partenariats public-privé (abondamment signés avec des entreprises turques) en passant par divers détournements de deniers publics, le régime d’Issoufou Mahamadou s’est évertué à accorder l’impunité à un nombre incalculable de ripoux coupables de délits les uns plus graves que les autres.
Seize (16) mois après sa prise de fonction, Bazoum Mohamed n’est-il pas en train d’emprunter le même chemin que son prédécesseur et mentor ? « J’ai identifié neuf chefs terroristes. On m’a conseillé de libérer des prisonniers que j’ai directement reçus au palais de la présidence […] Je ne ménage aucun moyen. J’ai libéré sept à huit personnes détenues dans les prisons de Kollo, de Koutoukalé et j’ai plein d’émissaires dans toutes les zones […] », a affirmé le chef de l’État lors d’une ‘’conférence des cadres’’ le 25 février 2022. Bazoum Mohamed inscrit son geste dans le cadre de « la recherche de la paix ». Mais pour nombre de Nigériens, ces libérations constituent une prime à l’impunité. Ni plus, ni moins. Le président de la République est en porte-à-faux avec l’idéal politique qu’il prétend défendre à savoir : « […] une justice de qualité, une justice juste, équitable et impartiale, […] Une justice qui rassure les citoyens honnêtes en même temps qu’elle traque les délinquants, grands ou petits, riches ou pauvres », comme il l’a rappelé ce 4 août à l’ouverture de la session du Conseil Supérieur de la Magistrature au titre de l’année 2022. Si l’affaire des marchés publics au ministère de la Défense nationale a éclaté sous Issoufou Mahamadou, son dénouement judiciaire a eu lieu sous Bazoum Mohamed. Dans ce dossier, la déception des citoyens a été à la hauteur de leur soif de justice. Une véritable prime à l’impunité a été accordée aux protagonistes de ce scandale politico-financier hors normes. Ceux qui ont placé quelque espoir de justice en Bazoum Mohamed, doivent déchanter. Le chef de l’État est dans la stricte continuité de l’œuvre de son mentor.