Dans un contexte nigérien déjà fragilisé par des sanctions économiques, financières et commerciales sans précédent depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, la Cour de justice de la CEDEAO se trouve à un carrefour délicat. Le verdict dans l’affaire opposant Mohamed Bazoum, président déchu, à l’État du Niger, pour des accusations d’arrestation et séquestration arbitraires, représente bien plus qu’un jugement juridique. Il incarne un test crucial pour la justice et la stabilité politique au Niger.
La Cour de justice de la CEDEAO, en statuant sur cette affaire, doit impérativement mesurer l’impact de sa décision sur le peuple nigérien. La justice, dans son essence la plus noble, vise à rétablir l’équilibre et à sanctionner les écarts. Or, dans le cas de l’affaire Bazoum, l’enjeu transcende la simple question de légalité pour embrasser les conséquences socio-politiques d’une nation déjà éprouvée.
Si un jugement en faveur de Bazoum Mohamed pourrait être perçu comme une victoire de la justice sur l’arbitraire, il faut aussi considérer les répercussions d’une telle décision. Une condamnation ferme du coup d’État et des actions de la junte militaire pourrait entraîner des sanctions internationales renforcées, pesant davantage sur une économie déjà asphyxiée. Dans cette optique, le triomphe juridique ne doit pas se muer en un fardeau supplémentaire pour les citoyens nigériens.
Inversement, un jugement défavorable à Bazoum pourrait diminuer la pression interne et internationale sur un pays en quête de stabilité.
La Cour pourrait envisager une voie médiane, évitant de trancher nettement, une solution qui, si elle semble esquiver la décision, pourrait en réalité ouvrir la voie à une résolution plus politique et moins conflictuelle de la crise.
Face à ces scénarios, la CEDEAO doit, avant tout, considérer l’intérêt supérieur du peuple nigérien. La justice, dans sa fonction la plus élevée, est celle qui, tout en statuant sur le droit, tient compte de l’humain et de ses implications. La décision de la Cour ne doit pas seulement être un verdict sur papier, mais un acte de sagesse contribuant à l’apaisement et à la reconstruction d’un Niger stable et prospère.