Personne n’est plus pressée que le président béninois Patrice Talon pour ouvrir la frontière Gaya-Malanville, en jetant aux orties, le pénible épisode des sanctions abstruses et iniques de la CEDEAO contre le Niger. Si on l’écoutait, il y a longtemps que ce serait chose faite. D’autant plus qu’il est conscient que la grande majorité de ses compatriotes voyait d’un mauvais œil ces mesures qui handicapaient gravement leur prospérité économique.
Cependant, réfrénant son impatience, en bon élève chouchouté par le président français, Emmanuel Macron, il s’efforce, avec toutes les peines du monde, à attendre le feu vert du grand Manitou, pour faire chorus avec les autres teigneux de l’organisation régionale.
PAS SI VITE, CAMARADE !
Pour la CEDEAO, on doit passer aux comptes pertes et profits, tous les dommages générés par ses sanctions illégitimes, illégales, inhumaines, voire criminelles. Et ainsi, tourner la page et repartir de bon pied, comme si de rien n’était. Le Niger, qui a été traumatisé, sans conteste, par ces mesures aberrantes, n’entend pas cela de cette oreille. Il veut, et exige, des réparations de deux ordres : au plan moral, des excuses en bonne et due forme ; au plan matériel, des dommages et intérêts, calculés au cordeau. Faute d’une garantie acceptable, même si le Bénin ouvre ses frontières le Niger n’en ferait pas de même automatiquement.
LES POSITIONS INEXPUGNABLES DU NIGER
L’exploitation du pétrole au Niger est un paramètre que les censeurs de la CEDEAO ont imprudemment négligé. C’est pourtant cette donne qui permet, aujourd’hui, face à ses contempteurs, au Niger, de se gausser d’une position imprenable. Tout d’abord, avec un taux de croissance, mirifique qui fera pâlir de jalousie, tout autre État, grâce à des entrées de devises, dues à l’exportation du pétrole. Mais, et surtout, le pipeline Niger-Cotonou qui devient un élément névralgique de l’économie béninoise. 300 milliards par an de recettes fiscales envisagées. Imaginez, un instant que cette manne aille au Togo plutôt qu’au Bénin. Ce serait une catastrophe pour le second. Par ailleurs, le Royaume du Maroc a proposé aux pays enclavés du Sahel un accès à la mer Atlantique via un nouveau port en construction dans ce pays. Ce qui signifiée automatiquement, un manque à gagner pour le port de Cotonou. Autrement dit, dans la situation actuelle, le Niger n’est pas demandeur parce que, ne souffrant pas plus que ceux qui ont voulu, arbitrairement, le punir. Nous vous livrons, ci-dessous, le protocole additionnel de 2012, appliqué à 100% contre le Niger. Ce texte n’est même pas aujourd’hui sur le site de la CEDEAO, comme si, c’est quelque chose qu’on doit distribuer sous le manteau, dans l’opacité, la plus suspecte.
LE FAMEUX PROTOCOLE ADDITIONNEL
En le lisant, vous verrez, in petto, que rien n’a été épargné au Niger. On ne peut donc plus rien faire de plus, sauf à gesticuler, comme un possédé au milieu de la foule. Les neuf ( 09) points du protocole additionnel de 2012 :
1. Fermeture des frontières terrestres, et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger ;
2. Etablissement d’une zone d’exclusion de la CEDEAO pour tous les vols commerciaux à destination ou en provenance du Niger
3. Suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger ;
4. Gel de toutes les transactions de service, y compris les services publics ;
5. Gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la CEDEAO ;
6. Gel des avoirs de l’Etat du Niger, ainsi que des entreprises publiques et parapubliques logés dans les banques commerciales ;
7. Suspension du Niger de toutes formes d’assistance financières et de transactions avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD ;
8. Interdiction de voyage et gel des avoirs des officiers militaires impliqués dans la tentative de coup d’Etat. Cette mesure s’applique également aux membres de leurs familles et aux civils acceptant de figurer dans toute institution ou tout gouvernement à mettre en place par ces officiers militaires.
9. Lancement d’un appel en direction de l’UEMOA et de tous les autres organismes régionaux pour la mise en application de la présente décision.
PROTOCOLE ILLÉGAL
La plupart des Assemblées Nationales des pays membres de la CEDEAO (dont naturellement le Niger), n’ont pas ratifié ce protocole qui ne leur a pas été soumis. Et pour cause : les “comploteurs” ont voulu le tenir secret pour ainsi avoir barré, sur d’éventuels putschistes récalcitrants. Étant entendu que le curseur de sévérité dépendra du degré de soumission des prétoriens faisant irruption sur la scène politique. Un protocole additionnel hors-la-loi. Invalide. Nécessairement illégal. Ce qui, de facto, rend notre pays, le Niger, éligible aux réparations subséquentes. Une bataille se termine. Une autre vient de commencer.