Gaya est une ville frontalière entre le Niger et le Bénin (Malanville est à 7 km de Gaya) et à proximité du Nigeria (Kamba est à 32 km de Gaya). Elle est une plate-forme régionale dans le secteur du commerce de transit et de réexportation à destination du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, etc. À ces activités liées au commerce international, il faut ajouter la production locale de fruits et légumes. De par sa position géographique, Gaya devrait être une des communes les mieux nanties du Niger.
Malheureusement, c’est loin d’être le cas. La commune de Gaya est confrontée à un sérieux problème de recouvrement des redevances locales. Ce qui impacte l’évacuation des ordures ménagères et déchets plastiques, l’éclairage public, la salubrité, le paiement des salaires, etc. La mauvaise gestion de la commune a été mise au jour dans un rapport de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT).
Devant les dysfonctionnements graves décelés, le Conseil des Ministres du jeudi 04 janvier 2024 a décidé de la dissolution du Conseil communal de Gaya. Une décision applaudie par la population lassée par la guerre larvée que se livraient les conseillers municipaux divisés en deux clans. Trois mois plus tard, le 04 avril, un administrateur délégué est nommé. Il s’agit de Bachir Moussa Sala, un membre du Conseil dissous.
Mais cette nomination ne passe pas auprès des anciens conseillers municipaux et de la population de Gaya, Bachir étant accusé, à tort ou à raison, d’avoir été à la manœuvre dans le blocage délibéré du fonctionnement du conseil municipal, lequel blocage avait conduit à sa dissolution. Pour les déçus du CNSP, la nomination de Bachir Moussa Sala serait tout simplement ‘’frauduleuse’’. Ils invoquent pour cela le Code général des collectivités territoriales dont l’article 179, alinéa 3, dispose très clairement : « En cas de dissolution du Conseil, aucun membre du Conseil dissout ne peut fairepartie de la délégation spéciale ». Mais le CNSP semble avoir fermé les yeux face à cette disposition pertinente du code qui régit les collectivités territoriales au Niger. Bachir Moussa Sala ne serait-il pas aussi le beau-frère d’un membre très influent du CNSP ?
Une marche pacifique de protestation contre la nomination de l’administrateur délégué est envisagée pour ce dimanche 14 avril. Mais l’intéressé semble imperturbable, dénonçant une cabale gratuite et injustifiée de ses adversaires contre sa modeste personne. Affaire à suivre…