Vous vous dites naturellement qu’en haut lieu, entre grandes puissances, on ne peut pas se permettre de rigoler un peu, et de se jouer des tours pendables. Les stratèges, à ce haut niveau de décision, n’ont pas ce temps, ni la dose d’humour nécessaire à ces genres de facéties. C’est oublier qu’après tout, ils ne sont que des hommes, avec les mêmes besoins fondamentaux que tous les hommes.
Mieux encore, il leur arrive, plus qu’à d’autres, de retourner à l’enfance dans certains cas, comme celui qui nous occupe et dont nous pourrions en faire les gorges chaudes. Certes, nous avons entendu au cours des décennies écoulées, pis que pendre, des uns sur les autres. Mais France- USA, c’est une longue histoire avec des liens forts, des hauts et des bas, bien avant, pendant, et après la proclamation d’indépendance des treize États initiaux le 4 juillet 1776, appelés à former les 50 Etats-Unis d’Amérique, tels qu’ils apparaissent de nos jours.
Il y a eu Lafayette et d’autres illustres Français prenant faits et causes pour la nouvelle Nation qui n’a que 248 ans aujourd’hui. Il y a eu le renvoi d’ascenseur, avec la solidarité protéiforme des USA à l’endroit de l’ Europe dévastée par la deuxième guerre mondiale. Le plan Marshall n’étant pas des moindres. Mais il y a eu aussi la pression de l’Oncle Sam sur les Etats colonialistes, avec obligation d’émancipation de leurs colonies. Cependant, les Gaulois ont gardé, en travers de la gorge, la défaite cinglante de Diên Bên Phu en mai 1954, générée par un appui conséquent des Américains au Viêt-minh, qui deviendra le Viêt-Cong, cauchemar de trois présidents US successifs. Et nous voilà au Sahel, avec la vague de dénonciations des accords militaires des pays comme le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, auprès de l’Hexagone.
Double jeu US
Personne, en vérité, n’a compris l’attitude de l’Oncle Sam, envoyant un représentant officiel à Niamey, au moment précisément où la France s’entête à ne pas reconnaître les prétoriens qui ont fait irruption sur la scène politique. Les plus méfiants ont subodoré, une sorte de machiavélisme, une entente tacite entre les deux grandes puissances, pour, ce faisant, tenter de sauver les meubles.
En réalité, beaucoup de responsables français n’ont pas bien digéré cette désolidarisation apparente de l’Oncle Sam, en un moment aussi critique. Soit de leur propre chef, soit par instruction venue d’en haut, certains se sont jurés de rendre la monnaie de la pièce. Presqu’ aussitôt, on a entendu des ténors de la société civile, réclamer derechef le départ des troupes US après celles de l’Hexagone. Pire encore, presque concomitamment, le même scénario eut cours à Ndjamena. La société civile tchadienne, elle aussi, s’est mise de la partie et a exigé le démantèlement des bases US dans leur pays. Faites vous-même les rapprochements qui vous semblent les plus probables.
Géostratégie
De manière verticale, (Canada, USA, Amérique du Sud) les États-Unis d’Amérique s’occupent de leur zone d’influence, pour ne pas dire d’emprise directe, sans interférence d’aucune autre grande puissance. De Gaulle a bien essayé (la mano en la mano) mais en vain. En extrême-Orient, les jeux sont déjà faits. Par contre, l’Afrique demeure un champ ouvert à toutes les puissances dominantes, dont principalement l’Europe, jusqu’à une date récente. Période qui semble révolue, l’Oncle Sam se rendant compte que l’Europe (avec ses Air-bus, ses anciennes possessions néo-colonisées, ses fusées spatiales etc..) se pose, de plus en plus, comme une puissance rivale. Il est grand temps de quitter sa coupe pour voler de ses propres ailes, notamment, en Afrique subsaharienne.
Alors, vous pouvez en être sûr, ce sera, chacun pour soi, et Dieu… pour tous ! Même pour les Africains. Même pour les panafricanistes.