Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont tourné le dos à Paris et se sont rapprochés économiquement et militairement de nouveaux partenaires, dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’AES avec pour objectif final la création d’une confédération. Sommes-nous dans une remise en cause générale vis-à-vis de la France ? Ce qui est sûr, la France, elle, tient à garder un pied au Sahel central. Le pays d’Emmanuel Macron tente de relancer ses relations diplomatiques avec le Mali. Accueillant une forte communauté malienne sur son sol(estimée à quelque 200 000 personnes), la France vient de poser un geste lourd de sens : la délivrance de visas à destination des ressortissants maliens va reprendre, suspendue en août 2023. Marc Didio, le chargé d’affaires français à Bamako, milite pour revenir à un rythme normal de délivrance des visas, notamment pour les étudiants maliens. Depuis plusieurs semaines, le nombre de laissez-passer qui leur ont été accordés a sensiblement augmenté. Cet acte de Paris va plaire aux Maliens, la diaspora malienne en France ayant envoyé au Mali, en 2023, des fonds estimés à 539,24 milliards de francs CFA.
Selon le journal d’investigation en ligne AfricaIntelligence, ce premier geste esquissé par Paris pourrait aussi être le prélude à d’autres mesures de normalisation. De son côté, Bamako a autorisé le remplacement d’une partie du personnel de l’ambassade et l’arrivée d’autres ressortissants français sur son sol. Selon Africa Intelligence, “en coulisses, Paris souhaite opérer une distinction entre les trajectoires des trois juntes sahéliennes. Pour la diplomatie française, le pouvoir malien est jugé plus « cohérent et solide ». Depuis plusieurs mois, Paris s’efforce de « maintenir des ponts » avec des acteurs hors junte, tels que le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, un temps très critique envers la France.” Même si la nomination d’un ambassadeur des deux côtés n’est pas encore à l’ordre du jour, Paris ne serait pasopposer à la désignation d’un nouvel ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Bamako. La chancellerie européenne dans la capitale malienne en est dépourvue depuis le départ en mai 2023 du Belge Bart Ouvry. En faisant les yeux doux au Mali, la France ne cherche-t-elle pas à opérer un retour en force dans ce pays ?