Petit tour explicatif : « L’interpellation parlementaire est le moyen de contrôle parlementaire permettant à un membre d’une assemblée de demander à un ministre de se justifier à propos d’un acte politique, d’une situation précise, d’aspects généraux ou spécifiques de la politique du gouvernement. » Ce 26 mai 2022, la session plénière de l’Assemblée nationale a consacré l’interpellation de quatre (4) membres du gouvernement dont le ministre de la Justice, Ikta Abdoulaye. Ce dernier a été sollicité par le député Omar Hamidou Tchiana : « Je vous demande, M. le ministre de la Justice, quelle disposition prendriez-vous pour que les dossiers des jeunes assassinés à Téra et tous les autres soient traités conformément à la loi afin qu’ils ne consacrent pas des jurisprudences où l’argent et/ou la carte rose du parti PNDS-Tarraya suffisent pour travestir la justice ? », a demandé le leader de l’Alliance des Mouvements pour l’Émergence du Niger (AMEN AMIN). Pour rappel, ce massacre perpétré au passage d’un convoi de l’armée française le 27 novembre 2021 a suscité une vive indignation au sein de l’opinion nationale. « S’agissant des militaires français, j’ai exigé des autorités françaises qu’elles ouvrent une enquête en vue de sanctionner ceux qui ont été coupables d’actes répréhensibles », a dit Bazoum Mohamed à la veille du 63e anniversaire de la proclamation de la République du Niger.
La lumière n’est toujours pas faite sur ce drame. « L’exploitation des résultats de l’enquête de la Gendarmerie du Niger et de l’Armée française n’ayant pas permis de cerner le déroulement exact des événements qui ont provoqué la mort et les blessures des manifestants, le Niger et la France ont décidé d’assurer ensemble le dédommagement des familles des victimes ainsi que des blessés », telle est la dérobade officielle sortie le 17 mai par le ministère de la Défense nationale. Ces explications surréalistes ont été reprises par le ministre de la Justice pour botter en touche devant les parlementaires : « (…) Le gouvernement a rendu public un communiqué qui a détaillé tout le processus et le résultat de ce dernier, en tant que membre du gouvernement, je ne peux que m’en tenir à ce communiqué du gouvernement, puisque c’est de cela qu’il s’agit ’’ », s’est défendu Ikta Abdoulaye. La question du député Omar Tchiana porte sur les garanties qu’apporte le gouvernement pour que la justice s’exprime en toute indépendance. C’est une préoccupation majeure qui ne cesse de hanter les Nigériens face à l’institutionnalisation de l’impunité dans notre pays. Ikta Abdoulaye ne peut rien contre l’inféodation de la justice au régime en place dans lequel le ‘’deux poids, deux mesures’’ demeure la règle absolue.