Au Niger, la duplicité, la politisation rampante, la promotion personnelle, l’appât de l’argent facile et autres postures suspectes ont eu raison de l’engagement de nombre d’acteurs de la société civile et leaders syndicaux. L’avènement du PNDS-Tarraya au pouvoir en 2011 a fait tomber bien de masques. L’on a vu des dirigeants associatifs et autres ‘’défenseurs des intérêts moraux et matériels des travailleurs’’ s’arrimer (sans vergogne aucune) au nouveau pouvoir. Les deux mandats d’Issoufou Mahamadou ont été un printemps fabuleux pour les ‘’retourneurs de veste’’ tapis dans les rouages de la société civile notamment. Elles sont loin derrière les années des luttes sociales menées dans le seul intérêt du plus grand nombre des citoyens. Cette époque est bien révolue. Les corps intermédiaires (ces groupes sociaux indépendants et organisés) sont devenus inaudibles dans un Niger où les détenteurs du pouvoir politique ont irrémédiablement perverti les valeurs morales. D’aucuns collent l’étiquette de ‘’tous pourris’’ au personnel politique de notre pays. Ce qualificatif est extensible aux responsables syndicaux et autres leaders d’opinion religieux (certains imans ont retourné leurs djellabas sous la Renaissance). À coup de billets de banque et autres nominations de complaisance, Issoufou Mahamadou a réussi à saper les fondements de pratiquement toutes les centrales syndicales de notre pays. Pour dompter ceux qui ont résisté à l’achat des consciences, le PNDS-Tarraya a sorti l’épouvantail de la privation de liberté. Ces méthodes ont si bien marché au point d’étouffer dans l’œuf toutes les manifestations de rue (pour quelque motif que ce soit) durant les deux quinquennats d’Issoufou Mahamadou. On ne peut parler de l’affaiblissement des corps intermédiaires, mais plutôt de leur mort. Ces jours-ci, quelques structures syndicales et de la société civile tentent de donner de la voix relativement à l’augmentation du prix du gasoil à la pompe. Des ‘’actions’’ sont projetées afin de faire revenir le gouvernement sur sa décision qui vient rajouter aux supplices d’un peuple écrasé par une vie chère d’une rare dureté. Après des années de coma profond, les corps intermédiaires vont-ils réussir à faire sortir les citoyens dans la rue ? Rien n’est moins sûr. Le Niger manque de leaders associatifs ou syndicaux crédibles. Marou Amadou (Front uni pour la sauvegarde des acquis démocratiques -FUSAD-), Issoufou Sidibé (Confédération démocratique des travailleurs du Niger-CDTN-) et Abdou-Moumouni Ousmane (Révolution Démocratique), pour ne citer que ceux-là, sont le visage de la duplicité dans le milieu des corps intermédiaires. Ces trois personnages n’ont pas hésité à se fondre dans le moule du PNDS-Tarraya trahissant au passage leurs luttes antérieures. Question : qui croire encore dans le monde de la société civile et des centrales syndicales ?