Ce 8 août 2022, le président de la République a reçu les responsables des organisations professionnelles de transport (marchandises et voyageurs). L’entrevue a porté exclusivement sur la hausse du prix du gasoil à la pompe. Bazoum Mohamed s’est lancé dans le même argumentaire qu’il a servi (48 heures plus tôt) aux acteurs de la société civile et leaders syndicaux. Le président de la République s’est attelé à convaincre les transporteurs des « enjeux de la décision ayant conduit à la hausse du prix du litre du gasoil à la pompe qui est passé de 538 FCFA à 668 FCFA et la nécessité de limiter les impacts sur les prix du transport et des marchandises. » Au sortir de cet entretien, les leaders patronaux se sont exprimés : « Nous avons pris des engagements devant le chef de l’État et nous allons tout faire pour que cette hausse du prix du gasoil ne soit pas synonyme d’augmentation du prix de transport et des produits de première nécessité […] », a déclaré le président de la coalition des syndicats des transporteurs de marchandises du Niger, Seydou Souley.
Quant au secrétaire général de l’organisation patronale des gares modernes, Mohamed Ben Dahane, il a laissé entendre : « Étant un pays producteur [de pétrole] qui avait maintenu les prix relativement bas par rapport aux pays voisins, le Niger a enregistré une ruée sur son gasoil du fait de la raréfaction du produit sur le marché régional. Cette décision du gouvernement intervient donc pour nous rendre le gasoil disponible au Niger. Nos positions sont convergentes sur ce point, il le fallait. Cette décision, nous la validons totalement. » Est-ce à dire que les transporteurs ne vont pas réajuster leurs tarifs à la nouvelle donne ? La réponse est venue du patron de la coalition des syndicats des transporteurs de marchandises du Niger : « Nous ne disons pas que nous n’allons pas augmenter mais ce sera une hausse minime », a précisé Seydou Saley. On veut bien que cela se fasse. Mais, c’est quoi une ‘’hausse minime’’ ? Le moindre franc de plus sur les tarifs actuels (notamment en ce qui concerne le transport-voyageurs) viendra rajouter aux supplices des citoyens déjà en proie à une vie chère sans précédent. Il est clair que sur la durée, les transporteurs ne peuvent supporter l’augmentation du prix du gasoil à la pompe. Fatalement, ils seront contraints de revoir leurs tarifs à la hausse. Les professionnels du transport ont fait une promesse qu’ils ne peuvent tenir indéfiniment. Dans les jours à venir, cet engagement va voler en éclats. C’est sûr. Bazoum Mohamed doit s’attendre à d’autres vagues de colère citoyenne.