Au tout début de son quinquennat, Bazoum Mohamed a bluffé son monde en donnant l’impression de s’attaquer frontalement à la corruption dans notre pays. Le président de la République a suscité des applaudissements à travers l’Inspection Générale d’État (IGE) qui a mis au jour l’affaire dite Ibou Karadjé. Il s’en est suivi le cas de Hama Zada. Et c’est tout. À la grande déception des Nigériens avides de justice. À peine démarrée, la machine anti-corruption de Bazoum Mohamed s’est-elle essoufflée, pour ne pas dire éteinte. Plusieurs autres IGE (concernant des ministères et autres entités étatiques de premier plan) ont été ordonnées par le chef de l’État. Des mois plus tard, c’est à croire qu’une chape de plomb s’est abattue sur ces enquêtes. Quelque part, au sommet de l’État, les rapports de ces IGE prennent la poussière, ce qui pousse à s’interroger sur la volonté du président de la République de mettre un frein à la corruption, notamment au sein de l’administration publique.
Curieusement, Bazoum Mohamed donne toujours l’impression qu’il s’y attèle. Dans son message à la nation à l’occasion du 62ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, le chef de l’État a dit : « Le rapport Général Public 2021 de la Cour des Comptes nous a montré que notre gouvernance publique continue d’être caractérisée par des pratiques préjudiciables à la crédibilité de l’État […] Je reste très ferme dans le combat pour le respect des biens publics […] », et d’ajouter : « Aussi, ai-je demandé au gouvernement de prendre les mesures idoines pour satisfaire aux recommandations formulées par la Cour des Comptes, en vue de l’amélioration nécessaire de la gestion financière de l’État et de ses démembrements dans le strict respect des règles en la matière. » Question : Faut-il encore croire à Bazoum Mohamed ? Certainement pas. Les mois s’égrènent avec leurs lots de nouveaux cas de corruption, de concussion au plus haut niveau de l’État sans que le président de la République ne bouge le petit doigt. Entre le dire et le faire, l’on se rend compte que Bazoum Mohamed est totalement impuissant face au fléau de la corruption. Il n’est pas superflu de rappeler à ce dernier les propos qu’il a tenus à l’occasion de ses 100 jours de présidence : « Lorsque vous avez la chance d’être le seul que 20 millions de Nigériens ont choisi, vous devez être neutre, vous devez être objectif, vous devez traiter ces gens en ayant peur de Dieu. » Il est temps que Bazoum Mohamed fasse de la neutralité sa boussole en cessant de fermer les yeux sur les cas de corruption.