Les victimes d’actes ignobles n’ont pas la mémoire oublieuse, c’est le moins qu’on puisse dire. Entré en fonction le 16 avril 1993, Mahamane Ousmane n’a pas vu la fin de son mandat. Il est déposé le 27 janvier 1996 par un coup d’État. La faute au PNDS-Tarraya. La démission du Premier ministre de l’époque (un certain Mahamadou Issoufou) suivie de l’éclatement de l’Alliance des Forces du Changement (AFC) et les législatives anticipées de janvier 1995 ont insaturé un climat sociopolitique des plus délétères. Si Mahamane Ousmane a été contraint de quitter le pouvoir avant le terme de son mandat, cela est dû au fait que les Tarrayistes se sont montrés d’une innommable félonie politique. Le ‘’premier président démocratiquement élu’’ n’est pas près d’oublier les douleurs de ce poignard planté dans son dos par les Tarrayistes. Tout comme il garde en mémoire les intrigues politico-judiciaires par lesquelles est passé le régime d’Issoufou Mahamadou aux fins de dynamiter la CDS-Rahama. Depuis quelques semaines, les réseaux sociaux bruissent de rumeurs d’un probable ralliement du RDR-Tchanji au pouvoir en place. Un scénario quelque peu crédibilisé par des propos récemment tenus par Doudou Thiam dit Doudou Rahama, fidèle parmi les fidèles lieutenants de Mahamane Ousmane.
Doudou Rahama s’est montré on ne peut plus dithyrambique à l’endroit de Bazoum Mohamed. Le RDR-Tchanji n’a pas mis longtemps à clarifier les choses : « les propos tenus par ce camarade [Doudou Rahama] lors de ses multiples sorties n’engagent que sa propre personne, comme d’ailleurs il l’a précisé lui-même », lit-on dans une déclaration rendue publique ce 11 août 2022 par le bureau politique national du parti de Mahamane Ousmane. Au passage, le RDR-Tchanji a rappelé sa position de « membre éminent et à part entière de l’opposition politique ». Et de lancer « un vibrant appel aux militants, à tous les niveaux, où qu’ils se trouvent, de rester toujours vigilants pour faire échec aux manœuvres sournoises de déstabilisation de notre parti, engagées par les mêmes adversaires d’hier. » Voilà qui met fin à toutes les supputations quant à l’imminence d’un mariage entre le RDR-Tchanji et le PNDS-Tarraya. Il est clair que Mahamane Ousmane reste engagé dans le bras de fer électoral qui l’oppose à Bazoum Mohamed. À ce sujet justement, le RDR-Tchanji rappelle « les contentieux relatifs aux falsifications des pièces d’état civil du candidat Bazoum Mohamed, et qui sont pendants devant les juridictions, tant au plan national qu’international. » En d’autres termes, Mahamane Ousmane ne reconnaît toujours pas son rival comme président de la République élu. Et de toute évidence, ce n’est pas demain la veille que l’ancien chef de l’État changera de posture.