Le chef de l’État a passé une année dans le costume d’un globe-trotter. Selon les médias étatiques, cette frénésie dévorante pour les voyages est un « activisme sans discontinuer alliant déplacements à l’étranger pour défendre le Niger et rencontres des populations de l’intérieur dans la foulée. » Et d’ajouter : « Sur le plan diplomatique grâce à la clairvoyance du président Mohamed Bazoum, un regain d’intérêt pour le Niger a été noté […] » Sauf que les retombées de ces incessants va-et-vient ne sont visibles nulle part : ni dans le quotidien des Nigériens encore moins dans la lutte contre le terrorisme, cet interminable fléau. En vérité, c’est une année de perdue pour le Niger. Déconnecté de la réalité que vivent les 22 millions de Nigériens, le président de la République est en vacances dans sa région natale depuis ce 13 août 2022. Même loin de l’ambiance douillette du palais présidentiel, Bazoum Mohamed ne risque pas de s’ennuyer comme le souligne la cellule communication de la présidence de la République : « Cette période sera mise à profit par le chef de l’État pour se ressourcer dans son environnement pastoral de Tesker qu’il affectionne bien, recevoir et consulter des visiteurs dans un ballet continu […] »
Du monde va défiler à Tesker. C’est sûr. Le ‘’ballet continu’’ dont il est question est en réalité un chassé-croisé des courtisans venus de toutes parts. Ce qui n’a pas pu être négocié à Niamey durant l’année écoulée, sera débattu dans le calme de Tesker. Les demandes de pistonnage reportées, les recommandations restées en suspens, les promesses différées, les sollicitations en souffrance, toutes ces attentes émises par la clientèle politique et les laudateurs du régime seront traitées à mille lieues de la capitale. ‘’Les parents, amis et connaissances’’ qui n’ont pas pu faire prospérer leurs doléances à Niamey vont retenter leur chance à Tesker. Ainsi fonctionne le système. Pendant dix (10) ans, à chaque été, Dan daji a vu sa population doublée durant les vacances d’Issoufou Mahamadou. Des destins se sont accomplis (ou défaits) dans cette bourgade perdue au fin fond de l’Ader. Le tour revient à Tesker de fabriquer des heureux (ou de briser des carrières) durant les séjours estivaux de Bazoum Mohamed. Il flotte un air de fausse modestie quand nos dirigeants parlent de leur congé annuel. « Pour mes deux semaines de vacances, je n’étais ni à Deauville ni sur la Côte d’Azur, mais dans le Niger profond », a laissé entendre Issoufou Mahamadou en 2015. Sauf que l’ancien chef de l’État a oublié d’évoquer le nombre de ficelles qu’il a tirés depuis Dan daji pour fausser le jeu démocratique dans notre pays ou pour récompenser ses courtisans et autres proches.