Dans sa longue carrière politique en dents de scie, Mahamane Ousmane en a vu des vertes et des pas mûres, pour ainsi dire. Des coups de poignard, il en a pris plein dans le dos. Des actes de félonie, il en a connu plusieurs. L’ancien président de la République a même perdu les commandes de son parti originel, la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama). Cheval de Troie au service du PNDS-Tarraya, Abdou Labo s’est évertué à disloquer le CDS-Rahama. Stoïque, Mahamane Ousmane a surmonté cette trahison politique d’une ignominie absolue. Quant à Abdou Labo, sa carrière politique a été emportée par les eaux immondes de l’affaire dite des ‘’bébés importés’’. Tout se paye sur terre, dit-on. Abdou Labo a été happé par le système qu’il a servilement soutenu pour abattre Mahamane Ousmane. Ces temps-ci, l’ancien chef de l’État est préoccupé par le comportement pour le moins suspect de certains de ses compagnons politiques. Il y a eu quelques défections à Zinder, le fief de RDR-Tchanji. Rien de bien grave.
La véritable source d’inquiétude vient de l’hymne dithyrambique entonné par Doudou Rahama pour vanter Bazoum Mohamed. Le fidèle lieutenant de Mahamane Ousmane s’est montré excessivement élogieux à l’endroit du président de la République, une sortie médiatique qui n’a pas manqué de provoquer des interrogations sur l’échiquier politique national. À quoi joue Doudou Rahama en couvrant Bazoum Mohamed d’épithètes flatteuses ? Que vise-t-il en caressant le chef de l’État dans le sens du poil ? Pour d’aucuns, le message est clair, Doudou Rahama prépare les esprits dans l’optique de sa transhumance vers le pouvoir en place. Une chose est sûre, le RDR-Tchanji a rapidement dissipé les ambiguïtés. « Les propos tenus par ce camarade [Doudou Rahama] lors de ses multiples sorties n’engagent que sa propre personne, comme d’ailleurs il l’a précisé lui-même », lit-on dans une déclaration rendue publique ce 11 août 2022 par le bureau politique national du parti de Mahamane Ousmane. En d’autres termes, le RDR-Tchanji reste et demeure un « membre éminent et à part entière, de l’opposition politique ». Rien ne prouve que Doudou Rahama soit d’accord avec la ligne dégagée par son parti. Mis en minorité, ce dernier n’a pas encore réagi. Mais on peut s’attendre à tout. Dans notre pays, toutes les rébellions au sein des partis politiques ont commencé par de petites frictions, des mésententes anodines. On a vu des dissensions marginales devenir de grosses bourrasques souvent fatales à l’unité d’un parti politique. Le chant des sirènes du pouvoir en place résonne sur l’échiquier politique national (Ibrahim Yacouba s’est laissé séduire). Doudou Rahama va-t-il tomber dans le panneau ? L’avenir nous le dira…