Le long de son cheminement politique d’une trentaine d’années, Bazoum Mohamed s’est préparé à tout sauf à occuper les fonctions qui sont aujourd’hui les siennes. Dans une interview qu’il a accordée au quotidien burkinabè Sidwaya en juillet 2019, il a clairement confié au journaliste : « Je peux vous dire que lorsque le président Issoufou voulait me proposer, je n’avais pas manqué de lui dire que je ne l’ai jamais imaginé, parce que je suis justement d’une minorité. Je n’ai pas manqué aussi de lui résister […] » Bien entendu, le fait d’appartenir à une ethnie minoritaire est un faux argument. Le problème majeur de Bazoum Mohamed se situe ailleurs, il n’a pas suffisamment d’atomes crochus avec l’essentiel des membres du présidium du PNDS-Tarayya. L’on se rappelle de l’éphémère guérilla tentée par Hassoumi Massoudou aux fin de se porter candidat du parti à l’élection présidentielle. L’ancien ministre des Finances aurait certainement rallié en sa faveur les suffrages des congressistes n’eût été l’énergique et autoritaire intervention du camarade Issoufou. Hassoumi Massoudou et ses soutiens ont vite fait profil bas, ils ne peuvent tenir tête au démiurge Issoufou.
Le président de la République le sait, il n’a pas que des amis au sein de l’instance dirigeante de son parti. Ceux qui ne le souffrent pas sont plus nombreux que ses soutiens affichés. Il est évident que le congrès ordinaire du PNDS-Tarraya (prévu se tenir en décembre prochain) constitue un test d’envergure pour Bazoum Mohamed. C’est connu de tous, les 2/3 de ceux qui siègent à l’instance faîtière du parti au pouvoir obéissent au doigt et à l’œil au camarade Issoufou. Pour Bazoum Mohamed, le défi est d’asseoir son influence sur certains compartiments du PNDS-Tarraya à l’issue du prochain congrès. Il est d’une importance capitale pour le président de la République d’avoir le maximum possible de soutiens solides au sein du présidium du PNDS-Tarraya. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. On a récemment entendu Zakari Oumarou (ancien gouverneur de Maradi) vouer aux enfers quiconque s’aviserait de manifester la moindre déloyauté envers I’ex chef de l’État. Ceux à qui cette farouche mise en garde est adressée sauront se reconnaître. Des porte-flingues comme Zakari Oumarou, aveuglement acquis à la cause du camarade Issoufou, il en existe des bataillons entiers au PNDS-Tarayya. Notons que l’actuel président par intérim du Comité Exécutif National (CEN) du PNDS-Tarayya, Foumakoye Gado, fait partie du clan de ceux qui ne jurent que par l’ancien chef d’État. Question : au sortir du congrès de décembre, Bazoum Mohamed réussira-t-il à se faire plus d’amis et de fidèles au sein du présidium et de fidèles qu’il n’en a aujourd’hui ? Attendons de voir…