Quoiqu’en proie à un mal qui le cloue au lit depuis des semaines déjà, Choguel Maïga n’a certainement pas oublié le jour où Hassoumi Massoudou a qualifié de « patriotisme frelaté » l’attitude ouvertement belliqueuse de Bamako envers Paris. Une chose est certaine, sous la conduite des ‘’colonels’’, le Mali a boosté le militantisme panafricaniste de plus d’un jeune sur le continent noir. De l’expulsion de l’ambassadeur français à Bamako à la rupture des accords militaires avec la France, en passant par le bras-de-fer avec la CEDEAO et l’UEMOA, les autorités maliennes de la transition ont conquis le cœur de milliers d’Africains. Mort en Bolivie, Che Guevara serait-il réapparu sur les berges du fleuve Niger sous les traits d’un certain Assimi Goïta ? Les ‘’révolutionnaires’’ du Sahel et autres nostalgiques des luttes d’indépendance ne diront pas non. Le tombeur d’Ibrahim Boubacar Keïta (et de Bah N’Daw), l’auteur de deux coups d’État en 9 mois, est chaudement applaudi dans bien de pays du continent. D’aucuns n’hésitent pas à l’ériger en héros, en combattant de la liberté. Goïta serait le chevalier qui veut anéantir les derniers vestiges du colonialisme.
Il faut le leur reconnaître, les ‘’colonels’’ ont quelque peu redoré le blason de l’armée malienne. On peut critiquer leurs méthodes, mais il est certain qu’ils se sont montrés nettement meilleurs que les civils dans la gestion de l’État. Toute médaille a son revers, dit-on. Il y a la face critiquable des actions de la junte malienne. D’aucuns s’insurgent contre la façon dont sont traqués certains dignitaires de l’ancien régime accusés de détournement de deniers publics. D’autres s’interrogent sur l’efficacité de la Grande Muette contre le terrorisme. C’est bien vrai, le Mali s’est grandement doté d’équipements militaires ces mois-ci. Mais il n’en demeure pas moins que les résultats sur le terrain sont mitigés. « Depuis maintenant quatre mois, la population de Gao fait face à une pénurie de médicaments. Trouver certains produits pharmaceutiques est devenu un véritable casse-tête dans la localité […] Une situation du blocus instauré sur l’axe routier Douentza-Gao depuis Mai dernier par des terroristes », rapportent plusieurs sources. Des djihadistes empêchent le passage aux compagnies de transport voyageurs. Des camions d’approvisionnement sont aussi interdits de circulation. Elle est où la montée en puissance de l’armée malienne dont se targuent les ‘’colonels’’ ? L’incapacité de la junte à rétablir la circulation entre Gao et le centre du Mali est l’une des taches qui enlaidissent le treillis du colonel Goïta. Les pourfendeurs des autorités de la transition malienne ne peuvent trouver meilleur angle d’attaque. Entretemps, la population de Gao et ses environs souffre.