Crée par décret N°2004-030/PRN/PM, le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) est un « cadre permanent de prévention, de règlement des conflits politiques et de concertation entre ses membres autour des questions d’intérêt national ». Une belle trouvaille pour un pays dont le personnel politique cultive constamment l’instabilité. Depuis sa création, les réunions du CNDP les plus contestées ont eu lieu sous Brigi Rafini. L’inamovible Premier ministre d’Issoufou Mahamadou n’a pas eu la tâche facile, c’est le moins qu’on puisse dire. En janvier 2019, en prélude à la tenue des élections générales 2020-2021, l’opposition politique a conditionné sa partition aux sessions du CNDP à « l’organisation d’un dialogue inclusif en présence des témoins nationaux et internationaux, à la mise en place d’un dispositif de suivi des décisions du dialogue et à l’adoption d’un code électoral consensuel ».
Aucune de ces exigences n’a été satisfaite par le régime d’Issoufou Mahamadou. Les dernières élections générales, singulièrement la présidentielle, ont été les plus réfutées jamais tenues dans notre pays. Tout naturellement, la presse étatique n’est pas de cet avis : « […] Force est de constater que, depuis les élections démocratiques, transparentes, libres et inclusives que le Niger a organisées en 2021, les choses sont définitivement rentrées dans l’ordre », lit-on dans un éditorial récemment paru dans le journal gouvernemental. Est-ce à dire que le mérite de la réunion du CNDP de ce 9 septembre 2022 (la première après une très longue hibernation) revient à Bazoum Mohamed ? « […] C’est en prélude à la visite du président Macron que l’on organise ce CNDP pour faire croire que la démocratie est en marche au Niger (…) Le décret qui institue le CNDP a été charcuté par Bazoum Mohamed quand il était ministre de l’Intérieur », a dit Omar Hamidou Tchiana. Le leader du parti AMEN-AMIN serait-il un opposant radical ? « En politique, la crédibilité dépend de la constance avec laquelle on défend ses opinions », rétorque Omar Tchiana. Du côté du principal parti de l’opposition, l’on préfère brandir l’étendard de l’optimisme : « Cette rencontre est pleine d’espoir, espoir de nous retrouver entre frères et sœurs, et de débattre des questions qui, immanquablement, impactent et impacteront notre vivre ensemble », a dit Malan Maman Sani du Moden FA Lumana. Alors question : ce CNDP, le premier du genre sous Bazoum Mohamed, constitue-t-il une lueur dans le sens de la décrispation ou est-ce un leurre, une diversion du pouvoir en place ? La réponse à cette question est à chercher dans les semaines et les mois à avenir. En attendant, il vaut mieux ne pas préjuger de la sincérité du régime de Bazoum Mohamed.