Il y a longtemps que les réseaux sociaux, ces nouveaux tribunaux, ont scellé le sort d’Issoufou Mahamadou. S’il ne tenait qu’à la vox populi, l’ancien président de la République serait aujourd’hui l’hôte d’une prison quelque part au Niger. Bien entendu, la vindicte populaire ne saurait se substituer à la justice, aux lois et textes de la République. L’idée d’engager des poursuites judiciaires contre Issoufou Mahamadou ne date pas d’aujourd’hui. Le 11 novembre 2015, une trentaine de députés de l’opposition parlementaire ont déposé une requête auprès du bureau du président de l’Assemblée nationale aux fins de mettre en accusation Issoufou Mahamadou pour haute trahison. À ce dernier, les initiateurs de la requête reprochent, entre autres griefs, la gestion opaque des ressources naturelles, l’affairisme dans la conduite de l’État ou la violation répétée des libertés publiques. « […] Tous les moyens seront utilisés pour faire le débat dès la prochaine plénière », a promis Bakary Seydou, alors président du groupe parlementaire Moden FA Lumana. « La requête a été rejetée, nulle part dans les textes il n’a été dit que la Conférence des présidents doit examiner une requête aux fins de mise en accusation du président de la République », a rétorqué, quelques jours plus tard Daouda Mallam Marthé, premier vice-président de l’Assemblée à l’époque des faits.
L’affaire est ainsi enterrée. Bakary Seydou a payé cher pour avoir défendu la requête de mise en accusation d’Issoufou Mahamadou. Accusé de détournement de fonds publics, Bakary Seydou a passé plus de 4 ans en prison. Ainsi s’est vengé Issoufou Mahamadou. « Nous exigeons la traduction de l’ancien président de la République Issoufou Mahamadou devant les juridictions compétentes pour haute trahison dans le cadre de la construction du chemin de fer. En tout état de cause, le M62 se donnera les moyens de porter plainte et encourage tous les citoyens en leur qualité de contribuable à porter plainte », lit-on dans une déclaration rendue publique ce 18 septembre 2022 par le mouvement M62-Moutoucthi/Bourtchintarey. Par cette sortie, la vingtaine de structures de la société civile et syndicales a dit tout haut ce qu’une grande frange de l’opinion nationale pense tout bas. Ailleurs, on a vu l’étau judiciaire se resserrer autour d’anciens présidents de la République. Le cas le plus récent vient de la Mauritanie où l’ex chef de l’État Mohamed Ould Abdel Aziz a maille à partir avec la justice de son pays. Un tel scenario peut-il se reproduire au Niger ? Une chose est certaine, ils sont des milliers de Nigériens qui souhaitent voir Issoufou Mahamadou rendre des comptes à la justice.