Ce weekend, Bazoum Mohamed a reçu, en pleine figure, une volée de bois vert de la part du Premier ministre malien par intérim. Cela devait fatalement arriver. Après le coup d’État du 24 mai 2021(le second après celui du 18 août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta), le président du Niger s’est spécialisé dans le tir à boulets rouges contre la junte malienne. « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front […], que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État […] », a dégainé Bazoum Mohamed le 9 juillet 2021, lors d’une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron à Paris. Ces propos ne sont-ils pas politiquement inappropriés ? Bien sûr que oui. Mais Bazoum Mohamed se croit dans son bon droit de tancer Assimi Goïta et ses camarades. « Notre attitude vis-à-vis du Mali est à la fois singulière, responsable, conséquente et honnête, dans l’intérêt de nos deux peuples […] Si ceux qui nous insultent aujourd’hui, depuis Bamako, pensent qu’ils sont sur le bon chemin, grand bien leur fasse », a déclaré le chef de l’État du Niger dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique en octobre 2021. Malgré les vives protestations de Bamako, Bazoum Mohamed a maintenu sa posture, celle de s’en prendre vertement aux autorités maliennes.
« Le drapeau jihadiste pourrait aujourd’hui flotter sur Ménaka », a pronostiqué le président nigérien dans un entretien à RFI et France 24 ce 22 septembre 2022, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. « Je déplore le fait que ces soldats de Côte d’Ivoire ont été arrêtés par les autorités du Mali […] Oui, je considère que Ouattara a été trahi », a ajouté Bazoum Mohamed. C’est l’attaque de trop. Bamako a choisi la tribune des Nations Unies pour donner la réplique au président du Niger. « […] M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un Nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat », a déclaré Abdoulaye Maïga ce 24 septembre 2022. C’est l’indignation dans les rangs des soutiens de la Renaissance 3. Le président nigérien, qui ne s’est imposé aucune limite dans ses critiques envers Bamako, devait s’attendre à une telle réaction. Question : Bazoum Mohamed ne doit-il pas changer de logiciel vis-à-vis du Mali, un pays souverain ? La diplomatie de l’insulte ne doit pas régir les relations entre le Niger et le Mali. Sur tous les plans, nos deux peuples ont plus de similitudes que de différences.