Le 5 avril 2019, à la cérémonie de pose de la première pierre du pipeline domestique Zinder-Torodi, le président Issoufou Mahamadou a dit qu’une fois achevée, cette infrastructure : « permettra de lutter contre la fraude parce que 40% de la production qui est prévue dans l’exportation est reversé dans la ville de Niamey, donc ça fait des recettes en moins pour l’État. » Chaque année, ce trafic illicite cause un gigantesque manque à gagner pour le Trésor public de notre pays. Le 3 octobre 2019, la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), a rendu public les résultats de certaines de ses investigations notamment en ce qui concerne les opérations d’exportation et de transit des hydrocarbures vers certains pays voisins. Sur la période 2017-2018, les opérateurs du secteur des hydrocarbures se sont livrés à des fraudes monumentales. « Ils prennent [les opérateurs et entreprises] à un prix préférentiel du gas-oil ou de l’essence et les déclarent à destination du Burkina Faso, du Mali ou du Nigeria. Ils reversent une grande partie sur le territoire nigérien et se soustraient ainsi au paiement des taxes applicables aux produits destinés à la consommation locale », a déclaré un membre de la HALCIA. « Ces pratiques ont concerné plus de 150 opérateurs économiques et sociétés et ont engendré un manque à gagner équivalent à 10.185.816.301 FCFA au Trésor public et à la SONIDEP », a précisé la HALCIA. Curieusement, plus rien n’a filtré de ce dossier.
De toute évidence, l’affaire est enterrée. La fraude des hydrocarbures s’est invitée dans l’actualité récente avec la décision prise par les autorités en place de suspendre le transit de carburant en provenance du Nigéria à destination du Mali. « […] J’ai signé 05 autorisations le 12 août. Deux semaines après, j’ai été interpellé par la SONIDEP pour se plaindre du fait que les autorisations que nous avions signées compromettent sa santé financière parce qu’il y avait des reversements qui étaient opérés », a déclaré le ministre des Finances, ce 27 septembre 2022. En plus de flouer la SORAZ, la SONIDEP et le Trésor public, les fraudeurs exploitent aussi à leur avantage le filon du Nigeria. Toutes ces tricheries sont connues des autorités de notre pays. Tout comme les fraudeurs sont clairement identifiés. Seulement, pour des raisons qui n’échappent pas aux citoyens, le gouvernement s’abstient de faire rendre gorge à ceux qui s’adonnent à ces pratiques dommageables pour l’économie nationale. Depuis 2011, date du début de l’exploitation pétrolière dans notre pays, le PNDS-Tarraya protège les grands fraudeurs de carburant. C’est risible de voir les services des douanes traquer les vendeurs d’essence à la sauvette dans les rues de Niamey.