Depuis l’accession du PNDS-Tarraya au pouvoir en 2011, on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où les Nigériens ont exercé pleinement leur droit de manifester. « Il y a deux choses que vous devez éviter. Premièrement, l’anarchie dans un pays, deuxièmement, la dictature. Dans un pays, c’est quoi la démocratie ? Ordre et liberté. L’ordre sans la liberté est une dictature. La liberté sans l’ordre est l’anarchie », aime à répéter Issoufou Mahamadou. Dix (10) ans durant, ce dernier a prétendu garantir ‘’l’ordre et la démocratie’’ aux Nigériens en les privant de leurs libertés. Ces restrictions systématiques d’opinions contraires continuent sous Bazoum Mohamed. « Je me suis battu depuis mon jeune âge pour la promotion de la démocratie, parce que j’en ai toujours espéré deux choses totalement inséparables : la liberté et la justice », a dit le président de la République le jour de son investiture. Mais il est évident que Bazoum Mohamed est en train de tirer un trait sur ses convictions politiques. Au contact du pouvoir suprême, l’homme qui se décrit sous les traits d’un démocrate dans l’âme, affiche désormais un rapport aux libertés individuelles et collectives pour le moins surprenant.
Au fil des mois, Bazoum Mohamed prend les traits de son prédécesseur, il devient hostile au fondement même de la démocratie. « Il y a vraiment lieu de se demander de quoi est-ce que le pouvoir de Niamey a peur si le Président de la République en personne estime que M62 ne peut pas mobiliser ? », s’est interrogé le Mouvement M62 dans un point de presse qu’il a animé en réaction à l’interdiction des marches prévues à Niamey et à Tillabéri et censées se tenir simultanément ce 09 octobre 2022. Si comme l’estime le chef de l’État, le M62 est incapable de mobiliser des foules pour, entre autres, fustiger la présence militaire française au Niger, il n’y a alors aucune raison pour le pouvoir en place de sortir le carton de l’interdiction de manifester. Le doute n’est plus admis, Bazoum Mohamed est bel et bien en proie à une tentation liberticide, une attitude qui risque d’émietter le peu de capital de sympathie que lui voue une frange de l’opinion publique. Tout laisse croire que l’autorisation de la marche du 18 septembre dernier (à l’initiative toujours du M62) relève de la politique politicienne. Le président de la République s’est offert une image de démocrate juste avant la tenue de la 77è Assemblée générale des Nations-Unies. Une fois cet évènement passé, Bazoum Mohamed renoue avec les réflexes liberticides qu’il a hérités de son prédécesseur et mentor.