Dans le monde politique, certains souhaits sont formulés sans une once de sincérité. Issoufou Mahamadou en a fait des tonnes durant ses deux mandats : « Mon vœu le plus cher, c’est qu’à la fin de mon mandat, lorsque j’aurais quitté le pouvoir […] je laisse un Niger radicalement transformé, un Niger où les inégalités auront reculé, un Niger où la faim zéro est une réalité », a-t-il dit dans le discours consacrant son holdup électoral de 2016. L’ancien chef de l’État a laissé un pays où la misère crasse est le lot quotidien de l’écrasante majorité des citoyens. « Au Niger, le niveau d’extrême pauvreté, s’élevant à 41,8 % en 2021, touche plus de 10 millions de personnes », cette donnée de la Banque mondiale ne restitue pas fidèlement la réalité. La misère touche nettement plus de personnes dans notre pays. Depuis 2011, les seuls Nigériens qui ont vu leur quotidien s’améliorer significativement (voire de façon insolente), sont ceux qui gravitent autour du PNDS-Tarraya. Il y a un semestre de cela, le gouvernement en place a affiché un visage outré face aux scènes de mendiants Nigériens quémandant leurs pitances quotidiennes dans les rues de certaines capitales de la sous-région. « Ce phénomène de mendicité dégrade l’image du pays et la dignité humaine et hypothèque l’avenir des enfants innocents, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », selon un communiqué officiel. Suite à quoi, les 25 et 26 mars 2022, deux vols affrétés par l’État du Niger ont ramené de Dakar plus d’un millier de mendiants.
Au mois de juin, une opération similaire a été organisée pour, cette fois-ci, ramener du Ghana des mendiants Nigériens. Le régime en place a ainsi lavé son honneur. Du moins, le pense-t-il. « Nigériens au Sénégal : les mendiants investissent à nouveau la capitale », titre un journal sénégalais, ce 11 octobre 2022. « Les autorités doivent contrôler plus nos frontières, les mendiants qui viennent du Niger entachent l’image de la capitale car, récemment une d’entre elles a accouché en pleine rue devant l’université Cheikh Anta Diop », témoigne une dakaroise. Comme quoi, les mendiants humilient [de nouveau] la Renaissance 3. Le régime de Bazoum Mohamed est mis devant son incapacité à trouver la moindre solution aux problèmes des Nigériens. Pour rappel, dans le communiqué cité plus haut, le gouvernement d’Ouhoumoudou Mahamadou a promis de : « poursuivre les responsables de ce réseau criminel devant les juridictions compétentes, conformément aux lois et règlements en vigueur. » De toute évidence, rien n’a été fait dans ce sens, tout comme rien n’a été fait pour redonner espoir aux mendiants du pays.