Le 28 septembre 2009, l’opposition guinéenne a pris d’assaut le stade de Conakry pour manifester contre la candidature à l’élection présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara. Ce rassemblement pacifique a fini dans un bain de sang. C’est l’horreur absolue. Au moins 157 personnes ont été tuées et des centaines ont été blessées, sans compter les abus sexuels sur des femmes. Au total, treize (13) personnes ont été mises en examen et renvoyées devant la justice pénale guinéenne pour y être jugées. Seules 12 comparaissent actuellement au procès ouvert le 28 septembre 2022. Ces assises sont d’une grande importance aussi bien pour la Guinée que pour la communauté internationale. Pour preuve, l’ouverture s’est faite en présence du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, lequel a insisté sur l’importance de la « crédibilité d’une procédure équitable qui soit à la hauteur de l’attente des victimes et ne se résume pas à un effet d’annonce ». Interrogé depuis le 19 octobre, Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba », ancien aide de camp du chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara, a donné sa version des faits. À l’en croire, Dadis a été le donneur d’ordres de ce massacre.
Pour Elise Keppler, directrice adjointe du programme Justice internationale à Human Rights Watch : « L’ouverture de ce procès permettra aux victimes de faire un pas important vers une justice dont elles ont grandement besoin après les crimes horribles commis dans le stade. » Et d’ajouter : « Des procédures régulières et crédibles sont nécessaires, auxquelles les victimes puissent participer pleinement, sans crainte pour leur sécurité. » La vérité, toute la vérité, les Guinéens n’en demandent pas plus. L’organisation de ce procès est une victoire pour les victimes, familles de victimes et les organisations de défense des droits humains qui se battent depuis 13 ans pour qu’il se tienne. De l’avis des experts, ce procès constitue « un pas important dans la lutte contre l’impunité pour les homicides illégaux et les crimes sexuels. » Vivement les verdicts.