Après le ‘’coup d’État dans le coup d’État’’ intervenu au Mali le 24 mai 2021, le président du Niger est devenu un irréductible pourfendeur de la junte de Bamako : « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front (…), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État », a déclaré Mohamed Bazoum, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris ce 9 juillet 2021.
Toujours dans le registre des petites phrases qui font mal, on retrouve ce tweet du chef de l’État nigérien : « Je viens d’apprendre avec consternation la mort de Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Premier ministre malien. Sa mort en prison rappelle celle du Président Modibo Keita en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère. Mes condoléances à sa famille et ses amis », écrit Bazoum Mohamed à l’annonce du décès de l’ex chef du gouvernement malien. À la tribune des Nations Unies, ce 24 septembre 2022, le Premier ministre par intérim du Mali, Abdoulaye Maïga, a vertement répondu à Bazoum Mohamed. Depuis, Niamey n’a plus tenu des propos désobligeants à l’endroit de Bamako. Un froid diplomatique s’est installé entre les deux pays jusqu’à ce que le chef d’état-major des Armées du Niger, le Général de division Mody Salifou, effectue ce 9 mars 2023, une visite d’une journée au Mali. Au cours de son déplacement, le haut gradé nigérien a été reçu par son homologue malien, le Général Oumar Diarra et le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta. « Comment rentabiliser davantage la coopération sécuritaire entre le Mali et le Niger dans la lutte contre le terrorisme ? C’est en substance la question qui était au menu de l’audience qu’a accordée, hier au Palais de Koulouba, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta au chef d’état-major des Armées du Niger, le général Mody Salifou », écrit un journal malien. L’heure serait-elle à la décrispation entre Niamey et Bamako ? Une chose est certaine, les autorités nigériennes ne sont plus dans une ‘’posture belliqueuse’’. « Il est de bon temps que nous nous retrouvions plus souvent pour faire le point de la situation de part et d’autre de la frontière pour le bienêtre de la population. Nos forces ont toujours été ensemble. Nous travaillons toujours ensemble et nous soutenons les unes les autres », a confié le général Mody Salifou à la presse malienne. En fait, la brouille entre Niamey et Bamako n’aurait jamais dû avoir lieu. Les deux pays ont besoin l’un de l’autre pour faire face à la menace terroriste. Niamey vient de s’en rendre compte.